L’épisode Aigis – The Answer prend place après la fin de l’aventure principale de Persona 3 Reload. Bizarrement, il ne requiert pas de sauvegarde prête pour le New Game + pour pouvoir se lancer, même s’il en récupère certaines données, quand le fichier existe. En revanche, vouloir se lancer dans ce DLC sans avoir parcouru Persona 3 (peu importe la version) serait une erreur monumentale, un peu comme vouloir démarrer un bouquin… par son épilogue.

Pas besoin d’avoir grindé comme des fous pour débuter, le niveau de départ de tous les personnages est considérablement réduit et aucun équipement n’est transférable, dans un souci évident de ne pas déséquilibrer l’expérience entre les pressés qui ont rushé le scénario et les pointilleux qui ont développé des monstres de puissance. 

Démon ou… démon ?

Un jour sans fin, en huis-clos

Nous retrouvons donc le groupe de la SEES au complet, rassemblé une dernière fois avant que le dortoir qui a été le témoin de leurs aventures ne ferme ses portes… définitivement. Ou pas, car le destin capricieux prend cette fois-ci la forme de Métis, une androïde au look un peu gothique qui, après une entrée en scène particulièrement musclée, dévoile son affiliation avec Aigis et informe tout le monde qu’une boucle temporelle infinie les bloque actuellement à l’intérieur au jour du 31 mars. 

Métis est violente, impulsive et innocente, mais son amour sans bornes pour sa sœur de cœur (mécanique) permet d’aplanir un petit peu les tensions qui font logiquement leur apparition. Chacun s’interroge sur l’anomalie liée à la situation (tout le monde n’a pas un désert infini agrémenté de portes magiques dans son sous-sol) et sur ses motivations à combattre à nouveau. 

L’infini désert et ses portes

Aigis éveille ses nouveaux pouvoirs, prenant la place maintenant vacante du personnage principal ainsi que sa capacité à utiliser plusieurs personae et les fusionner. À défaut de pouvoir faire autre chose, il est décidé de se lancer dans l’exploration de cette nouvelle zone, l’Abysse du Temps ; et, pour notre héroïne de substitution, de trouver le sens de sa vie. Tels des pistoleros d’un autre monde, nous ouvrons bravement la première porte d’une très longue liste.


Mademoiselle reprendra bien un peu (beaucoup) de Tartare ?

Les décors sont inédits, malgré leur nombre au final relativement limité, et l’organisation des niveaux reprend la structure procédurale du Tartare tel qu’on la connaissait, avec quelques variantes de level design. On plonge à chaque étage plus profondément dans les tréfonds des souvenirs, à la poursuite d’une ombre insaisissable, mais parfaitement identifiée, du moins par la personne qui tient la manette. Le bestiaire reste globalement le même, avec néanmoins quelques surprises.

Temple, cathédrale ? En tout cas, c’est fort joli

La progression est extrêmement linéaire et on enfile les étages comme des perles. On reprend les bonnes vieilles habitudes d’aller chercher les coffres dans les recoins des niveaux, poursuivre les ennemis spéciaux qui rapportent le plus et expérimenter les attaques physiques et magiques sur les ennemis jusqu’à trouver celle qui matche pour finir le combat par un assaut général. Les récompenses de cartes suivent le même système, la seule nouveauté étant les portes Monade, qui apparaissent maintenant par trois et proposent autant de variations de souffrance… et de récompenses.

Quel que soit le niveau de difficulté choisi, la gestion des points de magie est primordiale et dicte souvent la poursuite ou la fin d’une exploration, guidée par une sélection de personae complémentaires avec celles du groupe rassemblé pour chaque bout de descente. S’attaquer à un boss ou une porte Monade en étant “à sec” représente une prise de risque ou de temps perdu qui ici n’a vraiment pas lieu d’être, à moins d’être téméraire ou follement greedy

Faites vos jeux !

Étant bloqués en boucle sur un jour précis, sans scénario à “avancer” ni lien social à monter hormis les bonus passifs débloqués par certains cadeaux trouvés dans les coffres spéciaux des boss, sortir prématurément n’a aucune incidence notable. On repart immédiatement en pleine forme et sans arrière-pensée. Seuls les bonus cumulatifs liés aux arcanes majeurs sont réinitialisés.


Ne poussez pas, y’en aura pour tout le monde !

On débloque rapidement le hub central du Paulownia Mall avec sa fontaine et ses commerces, un havre de paix complètement hors du temps. Impression ou réalité, nous avons trouvé que les prix des équipements du commissariat étaient plutôt élevés, ne permettant pas, du moins au début, de rééquiper l’intégralité de l’escouade entre deux incursions en donjon. Mais sans doute nous étions-nous habitués au luxe des possibilités endgame du jeu d’origine. 

A défaut de pouvoir aller sur le toit, on fait pousser des plantes ici

Les noms des armes et armures récupérées au fil de l’exploration sont particulièrement révélateurs, chaque nouveau tier adoptant une dénomination aux accents très émotifs (colère, trahison, hérésie…). Cet épisode reste totalement dans les clous de la licence, avec ses références mystiques et spirituelles de partout.

Nous finissons par arriver à un premier moment charnière, où l’on revit les souvenirs (souvent douloureux) de l’un des protagonistes. Ces réminiscences, généralement enfouies ou simplement évoquées lors de l’histoire principale, sont alors partagées pleinement avec les autres personnages, comme une forme de communion appelant à la résilience et à la réflexion. Il devient évident que tout le monde va avoir droit à sa petite séance de psy gratuite, ce qui suscite des réactions particulières de nos jumelles robotiques. Un pas en plus vers l’humanité ?

La déception vis à vis des adultes, un thème récurrent

Pourtant, il n’est pas question de lambiner et l’on repart par une autre porte nouvellement débloquée pour une poignée d’heures, et ce, jusqu’à revivre ces étapes cruciales de tous les membres du groupe et mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette épreuve qu’ils traversent, chacun comme il le peut.


Trop dilué au début, très concentré sur la fin

C’est lorsque l’on sent que l’on arrive au bout de l’aventure (le jeu prévient lourdement que franchir la porte correspondante aura des conséquences majeures et irréversibles) que le groupe est confronté à une prise de décision extrêmement difficile. Tous ces combats, ce sang et ces larmes ont-ils été versés en vain ? Tout ça pour en arriver là ? À vrai dire, les membres de la SEES ne nous laissent pas le choix et cette dernière partie du titre est particulièrement difficile à compléter, tant l’impression est donnée que tout s’effondre autour de nous. Les règles changent et le final est à la hauteur des révélations qui sont faites.

Nous aussi, on est heureux

Il va sans dire qu’une bonne préparation est indispensable pour le marathon de combats majeurs annoncé, qui est sans pitié à tous les niveaux. Il représente un pic de difficulté soudain, probablement un peu trop tardif, qui repose plus sur la résistance excessive des adversaires et la gestion des ressources sur la durée qu’à la mise en place d’une réelle stratégie, basée sur les forces et faiblesses de chacun. Il est fortement conseillé de conserver plusieurs sauvegardes à chacune des étapes de cette conclusion, histoire de couvrir ses arrières pour pouvoir gagner en puissance ou ajuster ses personae actives. Il est même possible de la jouer “petit bras” en baissant la difficulté pour éviter la frustration. De toute manière, vu qu’aucune récompense ne justifie le tryhard, pourquoi se priver ?


Pour les fans hardcore uniquement

Cet épisode bonus a donc tout pour ravir les amateurs de dungeon crawling version Persona. La “réponse” teasée au début du chapitre arrive après environ une trentaine d’heures de jeu et plusieurs moments forts, principalement concentrés sur le dernier quart de l’extension. On y retrouve alors tout ce qui avait fait la force du titre de base, mais il est dommage que les premiers flashbacks soient trop courts au regard du temps passé à courir et combattre dans les couloirs de l’Abysse du Temps…

La Nouvelle Star de l’épisode

On peut regretter l’équilibre entre action et scénario qui faisait le charme de l’aventure principale et qui est ici clairement à l’avantage de la première, mais le rythme narratif le justifie complètement. Les rares ajouts au gameplay principal étant malheureusement trop peu nombreux pour retenir l’attention des simples curieux, The Answer parlera uniquement aux inconditionnels de la licence.



Malgré son manque de surprises du point de vue du gameplay, l’épisode Aigis – The Answer est solide et permet de refermer l’histoire de Persona 3 sans aucun regret, avec un réel sentiment d’accomplissement et une certaine sérénité.

Tout au long de l’aventure, la mort a fait partie du quotidien des protagonistes de Persona 3. Pourtant, avec cette conclusion bonus, Atlus aborde de manière fine la douloureuse question du deuil et ses nombreuses conséquences sur la psyché et le rapport aux autres. Celles et ceux ayant traversé cette épreuve feront probablement plus facilement le parallèle que les autres avec la construction de l’histoire. Cette longue fuite en avant du déni, perturbée par des souvenirs ravivés jusqu’à la prise de conscience, cruelle mais nécessaire, et la décision toujours difficile à prendre qui permet à nouveau d’avancer en se libérant de ce cycle infernal.

Finalement, on se dit que, pour peu que l’on soit ne soit pas réfractaire au style JRPG avec ses développements lents et maîtrisés qui prennent leur temps, les productions Atlus devraient être remboursées par la Sécu.

Constantes positives

  • Une vraie conclusion “positive” à Persona 3 Reload
  • Une allégorie de la question du deuil, un sujet sensible
  • La relation Aegis/Metis
  • Toujours aussi satisfaisant dans son gameplay

Pathologies

  • Un déséquilibre en début de partie entre action et narration qui peut lasser
  • Certaines scènes sont dures

Le tampon du spécialiste

Informations complémentaires :

Type :JRPG
Développeur :Atlus
Éditeur :Atlus
Date de sortie : 09/09/2024
Version : Finale
PEGI :PEGI 16 : Langage ordurier, Violence
Temps de jeu : 30H +

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