Mafia: The Old Country, sorti le 8 août et édité par 2K, marque le grand retour de Hangar 13 et de l’univers mafieux tel qu’on l’aime. Direction la Sicile du début du XXᵉ siècle, aux côtés d’Enzo, un gamin destiné à devenir un homme dans un monde où la loyauté et le sang se mêlent à la poudre. La question est simple : ce nouvel opus sera-t-il à la hauteur de nos attentes ? Andiamo !


U carusu (le garçon)

L’histoire débute en 1904, en Sicile, dans la région de Tremori. Deux jeunes hommes, Enzo et Gaetano, sont à la recherche d’un butin alors qu’ils travaillent dans les mines de Collezolfo pour le compte d’un certain Ruggero Spadaro. On apprend très vite qu’Enzo a été vendu à l’âge de cinq ans par son propre père, afin de travailler dans les mines et ainsi éponger ses dettes.

La vie n’était pas facile au début du XXᵉ siècle… En récupérant ses économies, ainsi qu’une carte postale soigneusement cachée, il espère payer les dettes de son père et, par la même occasion, acheter sa liberté. Son rêve ? Faire comme bon nombre de Siciliens à cette époque : partir pour l’Amérique.

En guise de didacticiel, Enzo doit se faufiler jusqu’à la réserve pour y voler un peu de nourriture. En effet, à force de travailler, les deux compères ont raté l’heure du repas. En savourant enfin leur maigre pitance, Enzo relit les quelques mots envoyés par son oncle Silvio, parti vivre en Amérique. Il n’en faut pas plus aux deux amis pour se mettre à rêver de liberté, dans un monde où la frontière avec l’esclavage est bien mince.

Que dire d’autre sur la qualité des cinématiques…

Comme si cela ne suffisait pas, l’Etna apporte lui aussi son lot de problèmes. Les secousses qu’il provoque ne font pas bon ménage avec les galeries des mines de soufre. Puis vient le drame… Alors qu’Enzo et Gaetano tentent d’échapper à l’effondrement, ce dernier ne parvient pas à en sortir vivant. Enzo, lui, finit par s’enfuir, poursuivi par Damiano “Il Merlo” Bastoni et ses sbires, les hommes de main de Don Spadaro.

Alors que notre héros est à deux doigts de perdre la vie, il croise la route de l’homme qui changera son destin à jamais : Don Bernardo Torrisi, ennemi juré du clan Spadaro. Propriétaire d’un vignoble, Torrisi confie u carusu aux bons soins de son fidèle bras droit, Luca Trapani. Enzo va alors découvrir une nouvelle vie, certes dure, mais juste.

Pendant deux ans, le jeune homme de 19 ans enchaîne les petits boulots peu ragoûtants, tout en vivant en parallèle un amour passionné, jusqu’à intégrer la famiglia Torrisi. Nous ne vous en dirons pas plus, mais sachez que les émotions varient autant que la courbe d’un électrocardiogramme dans cette vie pleine de rebondissements, où passion et guerres rivales sont étroitement liées.

Au fil des années, Enzo grimpe dans l’estime du Don, décrochant des missions de plus en plus périlleuses… mais pour nous, de plus en plus gratifiantes. Courses de chevaux, courses automobiles, missions d’infiltration ou combats intenses : les activités sont assez variées pour que l’on n’ait jamais le temps de s’ennuyer. Et le studio a eu raison de miser sur cette diversité, vu le type de jeu choisi.

Un geste qui changera la vie d’Enzo à jamais

La Famiglia

À ceux qui pensaient que le nouveau Mafia suivrait la voie du troisième opus, vous allez être déçus. Mafia: The Old Country reprend les codes du premier et du second, et il faut l’avouer, nous sommes ravis de ce choix de la part du studio Hangar 13. Même si le studio américain était déjà aux commandes du précédent titre, sorti en 2016, nous avions été sincèrement déçus de la direction prise à l’époque. La volonté de faire un GTA-like était sans doute un pari risqué, ou simplement un effet de mode, mais elle s’éloignait totalement de l’univers “Mafia” et de ses codes. Ce qui, heureusement, n’est plus le cas aujourd’hui.

Le titre est conçu de telle sorte que l’on se glisse littéralement dans la peau d’un gamin brisé par la vie, qui trouve auprès de la famille Torrisi des joies, des peines, mais surtout un incommensurable respect pour ceux qui lui ont tendu la main quand il en avait le plus besoin. Ajoutez à cela toute la force de l’amour ambigu qui va naître en lui pour une femme magnifique et vous obtenez une histoire exceptionnelle, qui vaut vraiment le coup d’être vécue. Car oui, Mafia: The Old Country est avant tout une histoire.

Même si, comme nous l’avons déjà mentionné, il y a des phases de combat, d’infiltration, etc., le titre du studio américain se regarde presque plus qu’il ne se joue. Les cinématiques sont tout simplement impressionnantes, aussi bien par leur nombre que par leur qualité et… mamma mia, que les expressions des visages sont sublimes ! Le jeu est très plaisant à l’œil et tutoie le photoréalisme tant les expressions des visages et le jeu des acteurs ont su être retranscrits avec fidélité lors des cinématiques. Une véritable performance ! Mais ne croyez pas pour autant que l’on se contente de profiter visuellement de ce nouveau Mafia : il faudra quand même passer à l’action.

Les effets de lumière sont magnifiques

Au cours de notre aventure, nous serons amenés à jouer du couteau. Les escarmouches sont nombreuses et demanderont pas mal d’entraînement, surtout si l’on opte pour le mode de difficulté le plus haut. Plusieurs actions sont possibles : briser la garde, parer, esquiver, planter ou trancher. Ce qui marque le plus, ce sont les blessures infligées ou reçues, visibles en plein combat. Notre dextérité sera mise à rude épreuve, et il faudra souvent faire preuve de patience plutôt que de foncer dans le tas, car notre adversaire, lui, saura exploiter chaque erreur pour nous le faire payer.

Lors des phases d’infiltration, nous avons le choix entre tuer ou simplement étourdir les personnages croisant notre chemin. Un peu à la manière d’un Assassin’s Creed, il est possible de les détrousser puis de cacher les corps afin qu’ils ne soient pas repérés par des patrouilles. Les “instincts” d’Enzo servent à voir les positions des ennemis et planifier notre approche : l’écran passe alors en noir et blanc, tandis que les silhouettes adverses brillent comme une flamme blanche dans la nuit. Et surtout, ne pas sous-estimer l’importance de jeter des pièces ou des bouteilles pour détourner l’attention des gardes, un geste souvent salvateur..

Les phases de combat à l’arme à feu sont du même acabit que le reste du jeu : intenses. Il faudra faire preuve d’ingéniosité en se mettant à couvert derrière des obstacles pour éviter de mourir en quelques secondes. Plusieurs actions sont possibles, comme changer de position, sauter par-dessus un abri ou même tirer sans viser. Il faudra néanmoins prêter une attention toute particulière au déroulement des affrontements. En effet, l’IA ne se gêne pas pour annoncer à voix haute qu’elle recharge, lance des grenades, et surtout charge pour nous débusquer. Négligez le type qui fonce sur vous, armé d’un fusil à pompe ou d’un lupara, et l’issue du combat risque fort d’être fatale pour u carusu.

Sa beauté éclipse le soleil

Une immersion totale, entre trésors cachés et Sicile « vivante »

S’il y a bien une chose qui n’a pas changé dans ce Mafia, c’est la recherche de collectibles. Parmi les objets à dénicher, on retrouve des pages de L’Araldo Siciliano. Présenté comme un hebdomadaire publié chaque vendredi à Palerme, il affiche fièrement en une : « Vi portiamo notizie dalla Sicilia e dal mondo » (« Nous vous apportons des nouvelles de la Sicile et du monde »). Ces coupures de presse fictives participent pleinement à l’immersion, renforçant l’atmosphère et ancrant l’action dans une Sicile qui semble plus vraie que nature.

Mais les journaux ne sont pas la seule chose à récupérer. Des images religieuses, des photos à prendre dans des lieux précis et les fameuses pièces Trinacria feront également partie des trésors à collecter. Mettre la main sur ces objets nous plonge dans l’histoire de la Sicile du début du XXᵉ siècle… mais pas seulement, car les pièces peuvent être échangées contre de l’argent, permettant ainsi d’acquérir armes, voitures, chevaux et divers bonus. À l’exclusion des artefacts à dénicher lors des diverses missions, un mode exploration est disponible pour collecter tous les autres, sans pression, à la fin de l’histoire.

Parlons maintenant du gameplay. Allons droit au but : il est très bon. La prise en main est excellente, même si certains pourraient avoir du mal avec la conduite des voitures. En effet, on est loin des véhicules modernes, et celles-ci ont tendance à vouloir quitter la route. Pour ce qui est des combats à l’arme blanche, il faudra un peu de temps pour s’y habituer, mais rien d’insurmontable. Enfin, si jamais les obstacles se révèlent trop difficiles, le studio a eu l’intelligence de placer des checkpoints de sauvegarde très régulièrement.

Les détails architecturaux sont sublimes

Pour la partie graphismes, là aussi, il est difficile de lui trouver des points négatifs. L’aliasing est quasiment absent ; et encore, il faut vraiment pousser loin le regard pour s’en apercevoir lorsque l’on parcourt cette partie de la Sicile. Mais ce léger détail est vite éclipsé par la qualité graphique, aussi bien lors des cinématiques que durant l’exploration. Les détails foisonnent, autant dans la vie qui anime les personnages autour de nous que dans notre environnement. Et que dire des effets de lumière… aussi splendides que les expressions des visages.

Pour la partie sonore, elle est au même niveau que le reste. Les musiques siciliennes de l’époque nous accompagnent aussi bien lors des cinématiques que pendant l’exploration, tout en renforçant l’intensité des combats. Seul petit bémol : elles sont parfois un peu fortes par rapport aux dialogues, d’où l’intérêt de passer par les réglages pour en diminuer légèrement le volume. De plus, pour une immersion totale, nous vous conseillons vivement de choisir les doublages en sicilien, d’excellente qualité. Les sous-titres français étant disponibles, aucun souci pour profiter pleinement de l’histoire.

Nous avons tout de même relevé deux points qui nuisent malheureusement à Mafia: The Old Country. Tout d’abord, les temps de chargement sont… très longs. Il faut compter une bonne trentaine de secondes entre chaque chapitre ou changement de carte, ce qui paraît beaucoup pour notre époque. Le second point concerne la récupération des collectibles. En effet, certains ne sont accessibles que durant certaines missions et si l’on progresse trop dans leur déroulement, ils deviennent impossibles à récupérer. Il faudra alors recommencer la mission depuis le début pour les obtenir.

Les chasseurs de succès/trophées seront particulièrement attentifs à ce dernier point noir, car oui, il faudra récupérer tous les collectibles (sauf les pièces Trinacria). Il existe un succès lié à la complétion en difficulté maximale, mais sincèrement, les checkpoints réguliers aident grandement à terminer le jeu dans ce mode, surtout pour “Adversaire de taille”. Comptez une bonne quinzaine d’heures pour boucler intégralement l’aventure.



Mafia: The Old Country s’impose comme le digne héritier des deux premiers volets. N’en déplaise aux fans du troisième opus, ce nouveau chapitre renoue avec l’ADN qui a façonné la légende de la licence. L’histoire, les cinématiques, la bande-son et les graphismes sont d’une telle intensité qu’on se surprend parfois à contempler plutôt qu’à jouer, un pari audacieux qui insuffle un vent de fraîcheur dans le paysage vidéoludique. Certes, les temps de chargement un peu longs et la récupération parfois frustrante des collectibles ternissent légèrement le tableau, mais ils ne suffisent pas à entamer l’expérience globale. Si vous avez aimé les deux premiers Mafia, ce nouvel opus doit absolument figurer dans votre bibliothèque. En un mot comme en cent : immersif.

Constantes positives

  • Une histoire immersive
  • Des graphismes de grande qualité
  • Une bande-son géniale relevée pas la version sicilienne
  • Le digne successeur des deux premiers Mafia

Pathologies

  • Des temps de chargement trop longs
  • Une récupération des collectibles contraignante

Le tampon du spécialiste

Informations complémentaires :

Type : Jeu d’aventure, Jeu de tir
Développeur :Hangar 13
Éditeur :2K Games
Date de sortie : 08/08/2025
Version : Fournie par l’éditeur
PEGI :PEGI 18 : Langage ordurier, Violence
Temps de jeu : 15H

Matériel de test :


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