Avouez-le, vous avez forcément rêvé de conduire une ambulance toutes sirènes hurlantes. Sauver des vies, porter l’uniforme, serpenter au milieu du trafic grâce au gyrophare… Autant de caractéristiques d’un métier que tout le monde croise au quotidien, mais que peu connaissent réellement. Et si l’on sortait de notre établissement de santé vidéoludique pour s’essayer à devenir l’un de ces soignants des routes ? C’est ce que vous propose Aesir Interactive avec son tout dernier simulateur de vie, Ambulance Life : A Paramedic Simulator. L’occasion, peut-être, d’assouvir un rêve de gosse et de conduire ces véhicules d’urgence. Attachez vos ceintures et soyez prêts à répondre au prochain appel de la centrale : La Clinique Vidéoludique devient mobile !

Il est temps de se ruer dans les brancards !
Ambulance Life : A Paramedic Simulator est la nouvelle simulation d’Aesir Interactive. Active depuis 2009, la société de développement allemande s’est fait connaître par ses expériences en réalité augmentée (Meet The Miner VR, Das Boot VR Remise) et ses jeux inspirés de la vie réelle. Récemment, il vous a été proposé d’incarner des officiers de police grâce à Police Simulator : Patrol Officers, sorti initialement sur PC en 2021. C’est à partir de ce modèle qu’est née l’idée de vivre le quotidien d’un autre type de véhicule d’urgence. Les ambulances sont donc au cœur de cette nouvelle simulation et les principales actrices d’un jeu qui leur est dédié. Car, il faut bien l’admettre, rares sont les titres majeurs ayant mis en avant le métier d’ambulancier (ou paramedic dans le système de santé nord-américain) au point de leur consacrer un jeu entier.
À part quelques expériences gratuites sous Adobe Flash, on se souvient davantage des missions annexes dans la franchise Grand Theft Auto (GTA) ou de Emergency Call Ambulance de SEGA, un jeu sous arcade qui reprend quelque peu les codes de Crazy Taxi. Il était donc temps de réparer cela et Aesir Interactive s’est lancé dans un projet ambitieux avec Ambulance Life : A Paramedic Simulator. Une ambition toutefois immédiatement refroidie par l’absence d’un mode scénario digne de ce nom. Certes, il s’agit d’un simulateur à vocation réaliste et sans fioritures, mais la marge de manœuvre proposée est d’ores et déjà moins étendue que celle des collègues de la police. Il est temps d’en détailler tous les aspects.

Comment ça se dit « ambulancier » en anglais ?
La journée-type d’un ambulancier commencera premièrement par le choix de votre avatar. Homme ou femme, vous aurez accès à une légère biographie pour chaque protagoniste et devrez sélectionner un(e) coéquipier(e) pour patrouiller dans les rues de la cité fictive de San Pelicano. Largement inspirée de la ville de San Francisco avec ses reliefs urbains, la métropole se divise en trois quartiers distincts : le centre-ville, Amon Heights et Saint-Johaines. Un quatrième lieu, Bay Side, sera disponible en DLC dès le 22 avril. Votre initiation débute dans le centre-ville, après un enchaînement de trois tutoriels (facultatifs) présentant les premiers gestes de sécurité et interventions les plus basiques pour les non-initiés au domaine du secours à la personne. Ensuite ? Et bien vous voilà lancés aux commandes d’une flamboyante ambulance, prêts à recevoir les appels de la centrale. Si l’on faisait un comparatif à l’échelle française, il s’agirait d’un centre de tri de type SAMU (15) ou SDIS (18).
Pourquoi cette comparaison ? Car Ambulance Life : A Paramedic Simulator, comme son nom l’indique, vous met aux commandes d’un paramedic nord-américain et non d’un ambulancier diplômé d’État, comme en France. La différence majeure provenant des compétences allouées à ces deux personnels soignants : le premier est davantage infirmier dans ses gestes autonomes (invasifs) et son rôle propre (délivrer des médicaments), tandis que le second est un secouriste professionnel agissant sous l’autorité d’un médecin en cas d’intervention urgente. D’un pays à l’autre, il existe plusieurs niveaux à ces métiers. Dans le cas de Ambulance Life : A Paramedic Simulator, nous avons affaire à l’équivalent d’une équipe de Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation (SMUR) à deux équipiers. Ces unités, comme celles des Emergency Medical Services (EMS) américaines, sont dédiées à l’urgence primaire nécessitant une intervention rapide. Le contexte posé, éloignons-nous désormais de la philosophie française pour juger des différences avec la nord-américaine.

« Centre 15, quel est l’objet de votre appel ? »
Bien que le DLC payant Additional Siren Pack propose le deux tons caractéristiques des ambulances hexagonales pour zigzaguer dans le trafic routier, la prise en charge n’est pas normée selon nos enseignements théoriques nationaux. En effet, les anglo-saxons privilégient la méthode « scoop and run » (que l’on pourrait traduire par « ramasser et courir ») consistant à stabiliser rapidement la victime pour l’amener à toute vitesse vers un centre hospitalier. L’inverse de la philosophie franco-française du « stay and play » (« rester et jouer ») qui prône une prise en charge égale à celle d’un établissement, sur le lieu de ramassage. Cette explication a son importance, notamment pour les soignants français qui joueraient à Ambulance Life : A Paramedic Simulator et ne comprendraient pas certains aspects mis en avant dans le jeu. Dans les faits, on est systématiquement pressé par le temps !
Les appels s’enchaînent vite et on demande au joueur de la réactivité. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le domaine de la santé et a fortiori de l’urgence, alors vous pourrez opter pour le mode classique et ses aides en jeu. Le mode simulation offrira, quant à lui, une expérience bien plus brute et misant sur vos connaissances. Il est bien entendu possible d’hybrider le contenu en choisissant quelles aides activer ou non, mais dans les deux cas, le manuel de l’ambulancier sera accessible à tout moment pour se rassurer quant aux protocoles à appliquer selon l’urgence à laquelle on fait face. Vous voilà donc à bord du véhicule, à arpenter une ville inégale selon les quartiers. Si le centre-ville fait bonne impression avec ses grandes avenues, Amon Heights et ses résidences perchées au travers d’artères sinueuses vous donnera plus de fil à retordre. Surtout si vous optez pour un trafic maximal…

Garder son sang-froid en toutes circonstances
S’il n’y a pas réellement d’impact (positif comme négatif) alors que vous choisissez une conduite douce ou brusque, percuter un piéton ou planter l’ambulance entraînera un game over immédiat et la fin de votre garde. Cette dernière, d’une durée de 15, 30 ou 45 minutes, pourra donc être sanctionnée sans retour possible. Attention à ces piétons inattentifs qui peuvent parfois traverser n’importe où ! Comme dans la vraie vie, se faufiler dans le trafic sera compliqué, du fait de gens étourdis ou d’une IA mal réglée… L’ambulance est assez lourde à manier et pourra facilement vous amener à la faute en cas d’erreur de pilotage. Il ne faut pas oublier que ces engins se conduisent généralement avec un permis poids lourd et la sensation d’en conduire un se fait de temps à autre ressentir. On note même que désactiver la sirène pourra occasionnellement être salvateur pour éviter un écart inopiné d’une voiture qui se situe devant vous. La course n’est donc clairement pas recommandée, d’autant que la sensation de vitesse n’est pas tout à fait là.
L’arrivée sur les lieux n’est d’ailleurs pas soumise à un temps à respecter, ni à une dégradation de l’état de santé de la victime. Il vaut donc mieux arriver entier sur l’intervention et s’occuper de votre patient(e). Sur place, on vous demandera d’analyser la scène à la recherche d’indices et de pratiquer votre anamnèse (l’historique de la douleur), si cette dernière est faisable. Auquel cas, il faudra privilégier le témoignage des badauds présents. Votre première analyse permettra d’établir un diagnostic (provisoire et évolutif) avant de brancarder votre patient. Une fois à l’intérieur du véhicule, vous devrez effectuer les premiers gestes de secours selon la pathologie rencontrée et veiller à la stabilisation de l’état de santé de la personne transportée. Sur certaines scènes comme un incendie ou une explosion, vous devrez faire un tri entre les victimes et amener vers l’hôpital celle qui vous semblera être la plus demandeuse en soins urgents. La mission se termine une fois les portes des urgences hospitalières franchies. Et ainsi de suite…

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
Concrètement, il s’agira d’engranger des points d’expérience permettant de débloquer de nouvelles situations et quartiers. Chacun d’eux possède sept niveaux déblocables et sanctionnés par un ultime nommé catastrophe. Dans ce dernier, on parle d’une mise en scène d’un évènement impliquant plusieurs victimes qu’il faudra dénombrer, trier, soigner et transporter (une seule uniquement). Il vous faudra faire des choix, car tout le monde ne pourra pas être sauvé. C’est une réalité du jeu (et de ces métiers) : vous serez confrontés à des émotions contradictoires. Soyez avertis : Ambulance Life : A Paramedic Simulator est un jeu assez cru et sans filtrage. On y voit du sang en quantité, des interventions par intraveineuses, mais aussi des morts parfois brutales. Même en ayant stabilisé un patient, son état de santé pourra se dégrader en plein transport.
Il faut s’y préparer et les personnes les plus sensibles pourraient se sentir mal à l’aise face à certaines situations. Fort heureusement, les patients rencontrés manquent clairement de personnalité, sont souvent transportés à plusieurs reprises et partagent même fréquemment les mêmes lignes de dialogue, empêchant tout attachement. Est-ce un parti pris des développeurs d’anonymiser la majorité des habitants ou un aveu de faiblesse de la part du moteur graphique ? En tout état de cause, vous serez amenés à transporter des dizaines de John Doe sans âme et à intervenir (au cours d’une même garde) sur les mêmes lieux et les mêmes situations. Un sentiment de déjà-vu que le quartier Amon Heights semble procurer davantage, tant les appels se ressemblent désespérément.

Ne manque qu’un gros pansement correctif !
Glaner de l’expérience dans ces conditions répétitives donne une impression de déshumanisation qui n’est pas forcément la bienvenue. Et ce, d’autant plus qu’il faut enchaîner les gardes pour pouvoir débloquer les paliers de chaque quartier. Finir l’un d’eux en entier dépendra de vos scores. Bien entendu, plus on accumule de grades S et A, plus on gagne de points d’XP. Il faut attendre l’arrivée à Saint-Johaines pour rencontrer un peu de variété et les cas les plus complexes. Crise d’angoisse, morsures de serpents, détresse respiratoire, accident vasculaire cérébral, accident sur la voie publique… Les urgences sont nombreuses pourtant. La ville de San Pelicano est relativement grande, il est donc dommage de devoir intervenir dans le même coin de rue ou le même restaurant de manière quasi systématique. Le manque de scénario ou de latitude dans les à-côtés d’une vie d’ambulancier se fera dès lors sentir plus fortement, à mesure que les situations se répèteront.
Certes, il faut voir Ambulance Life : A Paramedic Simulator comme un simulateur que l’on peut lancer occasionnellement, mais s’occuper davantage de son véhicule, créer du relationnel avec d’autres personnels soignants, donner un aspect de gestion à votre caserne, s’assurer d’être en possession de son matériel à jour et pouvoir le changer auraient été des plus non négligeables pour l’expérience en jeu. La vie d’un ambulancier ne saurait se résumer à répondre à des appels sans un minimum de relationnel… Les ambulanciers ont beau être sur la route, ce sont avant tout des soignants et cet aspect est quelque peu effacé au profit de leur spécificité de routier. C’est là qu’il est important de se souvenir qu’il s’agit d’une philosophie de prise en charge nord-américaine qui ne laisse aucune place à la gestion du temps, mais à la rapidité. Voire à la précipitation ?

Le souci du détail
Des détails choqueront forcément les plus aguerris et attentifs des joueurs : le patient est systématiquement porté comme un sac à patates et se retrouvera en quasi-permanence en sous-vêtements à son arrivée aux urgences. Une option permet même d’autoriser le retrait du soutien-gorge pour ces dames… Certes, un acte de réanimation cardiopulmonaire imposera le retrait intégral des vêtements, mais comment justifier de finir en petite culotte en plein milieu de la route pour une crise d’angoisse ? Les développeurs d’Aesir Interactive n’ont pas pris de gants quant à l’intimité montrée en jeu, a contrario de vos personnages qui les garderont continuellement. Avant, comme après intervention… Ces détails sont tout de même importants à relever, car Ambulance Life : A Paramedic Simulator se veut assez exhaustif et représentatif d’une vie dans la peau d’un équipage ambulancier au quotidien. Pourtant, ergonomie, hygiène et respect du patient sont des notions quelque peu mises à mal en jeu.
Sans être foncièrement réaliste, il s’agit malgré tout d’une fiction interactive, ces éléments interrogent tout de même, au même titre que le manque d’actions possibles en fonction des interventions (installer le patient en position demi-assise sur une urgence pneumologique, régler le débit d’oxygène, pratiquer la manœuvre d’Heimlich, pouvoir relever les jambes, etc). Pour les moins tatillons, Ambulance Life : A Paramedic Simulator offrira son lot d’émotions fortes et une belle porte d’entrée à l’univers du secourisme. Rares sont les jeux issus de l’univers médical et la proposition d’Aesir Interactive ne peut qu’être louée, tant la représentation de la conduite ambulancière se fait peu commune dans le jeu vidéo. Un mois après sa sortie, le titre est encore perfectible, mais il est clair que beaucoup des points négatifs pourraient être réglés à coup de patchs correctifs. À quand des DLC ou des mods permettant d’incarner du personnel et des matériels français ? Un skin La Clinique Vidéoludique serait du plus bel effet, c’est certain.








Diagnostic final
« On ne tire pas sur l’ambulance »
Ambulance Life : A Paramedic Simulator n’est pas un mauvais jeu. Loin s’en faut. Mais l’adjectif « perfectible » qualifierait au mieux le titre à l’heure actuelle. On sent qu’Aesir Interactive a mis du coeur à l’ouvrage et souhaité rendre l’expérience aussi authentique que possible. Non dénué de défauts et d’incohérences, le jeu est proche de la simulation que méritait le métier d’ambulancier. Rares ont été les titres mettant en avant ces « soignants des routes » aux compétences multiples et parfois méconnues; c’est pourquoi Ambulance Life : A Paramedic Simulator mérite que l’on s’y attarde. Toutefois, il devra être suivi avec attention par ses développeurs s’il veut devenir une référence en la matière. Certains défauts pourraient être corrigés rapidement grâce à de futures mises à jour qui rendraient le tout bien plus plaisant à jouer encore. A l’instar de ce que proposait Police Simulator : Patrol Officers, on pourrait certainement s’amuser à arpenter la ville en binome et rendre les interventions encore plus poussées grâce à une fonctionnalité multijoueur, qui fait pour le moment défaut. Ambulance Life : A Paramedic Simulator est perfectible mais possède un beau potentiel qu’il serait dommage de laisser de côté. A l’image de la prise en charge en urgence, mieux vaut assurer son transport que de prendre tous les risques en allant trop vite !
Constantes positives |
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- Enfin une simulation sur les ambulances !
- Une liste exhaustive de situations rencontrées
- San Pelicano est grande…
Pathologies |
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- … Mais mal exploitée !
- Des interventions parfois redondantes et répétitives
- Des graphismes pas toujours optimisés
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Simulation |
Développeur : | Aesir Interactive |
Éditeur : | Nacon |
Date de sortie : | 06/02/2025 |
Version : | Fournie par l’éditeur |
PEGI : | PEGI 16 : Violence, Horreur |
Temps de jeu : | 20h |
Configuration PC de test :
Processeur | Intel Core i5-9300H CPU @ 2.40GHz |
Carte graphique | NVIDIA GeForce RTX 2060 |
RAM | 16 Go DDR6 |
Support de stockage | SSD 500 Go |
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