Le deuil comme signature…

Après avoir touché le cœur de plus de 3 millions de joueurs en traitant le thème du deuil avec leur titre Gris, Nomada Studio souhaite à présent aborder la complexité des liens d’amitié avec Neva. La mort imprègne toutefois cette nouvelle œuvre puisqu’en ouverture, nous assistons au passage à trépas d’une louve laissant malgré elle son louveteau, Neva, à la garde d’Alba. Le deuil semble donc être un trait d’union dans les productions du studio barcelonais, si ce n’est une signature. 


…pour les lier dans les ténèbres

Comme nous l’évoquions en introduction, l’aventure débute par un drame. La vie paisible de notre trio est soudainement perturbée par les ténèbres qui n’ont qu’un but: dévorer le monde enchanteur qui nous entoure. Alba tente de résister à l’assaut des ombres, mais après avoir encaissé plusieurs mauvais coups, elle perd connaissance. La mère de Neva lutte de toutes ses forces avec des ennemis bien trop nombreux qui prennent rapidement le dessus et finissent par ôter la vie à la louve. Lorsque Alba reprend ses esprits, elle ne peut que constater tristement la mort de son amie. Neva est orpheline, mais peut compter sur sa partenaire d’infortune pour veiller sur elle durant leur fuite.


Notre duo quitte donc les lieux du drame en quête d’un nouveau havre de paix, loin de cet espace désormais corrompu. Les ténèbres sont partout et nous guettent derrière chaque arbre ou à chaque angle de bâtiment. La craintive Neva aura besoin d’être rassurée, mais également guidée dans ses premiers pas dans l’aventure. Un lien de plus en plus fort se crée entre nos deux infortunées. Le chemin est long et le temps passe, les saisons se suivent et Neva prend du poil de la bête. Sa fougue et sa rage obligent Alba à la raisonner, parfois, face à des ténèbres de plus en plus puissantes. Il faut se rendre à l’évidence, cette fuite n’a plus de sens et la cavale doit prendre fin. Il est inévitable d’affronter la noirceur si l’on veut s’offrir un coin de paradis. 

Vous l’aurez compris, cette fois encore, Nomada Studio nous offre une histoire prenante et riche en émotions de toutes sortes. À l’instar de Gris, la narration se livre au travers de multiples supports. Que ce soit par les aquarelles conçues sous la direction de Conrad Roset ou par le biais d’une bande originale savamment orchestrée par Berlinist, tout nous parle et nous transporte.  


Un gameplay à l’image du titre

Les mécaniques de Neva sont enracinées dans le passé mais bourgeonnent et fleurissent d’idées. Le personnage d’Alba peut effectuer un double saut, tout comme se projeter dans une direction pour esquiver ou pour atteindre une plateforme trop éloignée. Armée de son épée, elle peut occire les ennemis. Une fois que Neva est en âge de prendre part aux affrontements, nous pouvons compter sur son soutien, soit de sa propre initiative, soit sur notre ordre. Rien de bien révolutionnaire jusque-là et nous avons craint un moment de rester sur notre faim après le premier tiers de l’aventure. 

C’est donc avec joie que nous avons pu constater que les développeurs avaient subtilement intégré ces mécaniques simples dans des puzzles environnementaux de plus en plus complexes, demandant même de réfléchir à nos actions. Dans tous les sens du terme… Le level design révèle alors tout son intérêt et la pérégrination n’en devient que plus intéressante. 


À force d’affronter les ténèbres, il reste des ombres sur l’aquarelle

Sans surprise, Neva est un chef-d’œuvre artistique. Ses décors sont de véritables bijoux pleins de couleurs bercées de lumière. Même la brume, qui s’invite par moments, vient sublimer l’ensemble du tableau. Comme nous l’évoquions, l’orchestration de Berlinist est un travail d’orfèvre qui conte tout en relayant les émotions de notre binôme. L’ambiance sonore est, elle aussi, une réussite. Quoi de plus immersif que d’entendre le réalisme de la faune qui nous entoure ? Sur le plan de la direction artistique, c’est un sans-faute et nous n’en attendions pas moins de ce talentueux studio. 


Toutefois, il y a une ombre indélébile qui se forme sur le grain soyeux de la toile. Par choix artistique et pour augmenter la pression des ténèbres, les affrontements sont nombreux, pour ne pas dire légion. Cela ne serait pas un souci si le gameplay n’en était pas quelquefois aussi imprécis. Bien évidemment, nous ne sommes pas en présence d’un Souls-like à qui on ne saurait rien pardonner de ce côté-là, mais on sent ici que les développeurs de chez Nomada sont plus habitués à la poésie qu’à la guerre. Ces petites anicroches lors des esquives qui, parfois et sans que l’on ne sache vraiment pourquoi, ne passent pas ne sont pas non plus rédhibitoires et les sauvegardes automatiques sont suffisamment nombreuses pour ne pas rager, mais c’est un point qui pourrait utilement être revu à l’occasion d’une mise à jour.


Rassurez-vous cependant, nous n’avons rien vu passer des quatre heures nécessaires pour conclure notre périple onirique. Certains diront que c’est trop court, peut-être. Rappelez-vous, Gris l’était tout autant et comme c’est le cas ici, il n’a pas fallu des dizaines d’heures pour nous renverser sentimentalement. Les complétistes y retourneront pour glaner les collectibles oubliés en chemin ou pour débloquer les succès/trophées manqués. Nous, nous nous y sommes replongés pour vibrer encore une fois… 

Neva est disponible depuis le 15 octobre sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X|S, Nintendo Switch et n’attend plus que vous. 



Après avoir été renversés par Gris, nous attendions beaucoup de cette nouvelle œuvre de Nomada Studio. Nous n’avons aucunement été déçus. Nous avons retrouvé avec joie tout le génie artistique de l’équipe de Conrad Roset ainsi que les orchestrations savantes de Berlinist. Neva est une pépite à ne surtout pas rater, tant pour sa direction artistique que pour la qualité de sa narration. Nous lui pardonnerons ses rares accrochages lors des phases de combat pour n’en retenir que l’émerveillement qui nous a envahis durant ces quelques heures de bonheur.   

Constantes positives

  • Une direction artistique somptueuse 
  • Une bande-son transcendante
  • Des mécaniques simples, mais savamment employées

Pathologies

  • Quelques anicroches lors des phases de combats

Le tampon du spécialiste

Informations complémentaires :

Type :Action Aventure
Développeur :Nomada Studio
Éditeur :Devolver Digital
Date de sortie : 15/10/2024
Version : Mise à disposition par Cosmocover
PEGI :PEGI 12 : Violence
Temps de jeu : 4h

Matériel de test :


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