Il est de ces jeux vidéo qui ne font pas de bruit, ne se mettent pas particulièrement en avant, mais qui possèdent une aura immédiate. 1998 : The Toll Keeper Story est de ceux-là et a su se démarquer parmi les nombreux titres indépendants qui sortent chaque jour sur le marché. Est-ce dû à une direction artistique relativement fine ou bien au pitch ancré dans le réel ? Probablement un peu des deux. Mais aussi à cette envie qui nous anime de vous faire découvrir de petites pépites de France et du monde entier. Pour ce test, nous partons en Indonésie, pour une production absolument marquante et dans laquelle tout un chacun pourrait s’identifier. 1998 : The Toll Keeper Story, comme dans la vie, vous demandera de faire des choix. Le premier sera de lire notre test complet de cette découverte.

Un contexte actuel
1998 : The Toll Keeper Story est l’œuvre du studio indonésien GameChanger, principalement connu pour sa trilogie My Lovely, dont les opus ont pu atteindre les stores de nos consoles européennes sur Nintendo Switch et Xbox One notamment. Forcément inspirés par les évènements de leur pays d’origine, les développeurs ont voulu revenir à la fin des années 1990, alors que l’Asie connaissait une crise financière sans précédent. Bien que fictive, la nation de Janapa dépeinte en jeu rappelle bien entendu l’Indonésie. 1998 : The Toll Keeper Story fait donc un bond en arrière avec une direction visuelle très « années 90 » et des éléments de décors qui semblent tout droit venir du passé.
La trame principale vous permet d’incarner Dewi, une jeune femme tout à fait ordinaire et sans histoire, qui s’apprête à donner la vie. Elle le dit d’elle-même dans le jeu, elle vit loin de sa famille restée au village, elle n’a qu’une seule amie sur qui compter et galère à finir ses fins de mois, tandis que son mari s’échine à ramener davantage de revenus avec son taxi. Dewi, c’est l’incarnation de « madame tout-le-monde » dans un contexte politique tendu. Depuis son guichet de péage autoroutier, elle prend chaque jour le pouls de ses concitoyens, alors que la colère gronde progressivement. Une révolte étudiante se répand dans tout le Janapa et mène un combat social pour améliorer des conditions de vie difficiles. Dewi est une jeune femme inquiète pour son avenir, elle est enceinte et continue à travailler d’arrache-pied pour s’en sortir. Bienvenue dans le simulateur de la vie.

Un rôle à jouer
Nous découvrons Dewi dans son guichet de péage autoroutier, dans lequel elle est pleinement autonome. Ou presque. S’il lui incombe d’encaisser la taxe imposée aux véhicules selon leur catégorie, des consignes de son supérieur viennent rythmer les rotations quotidiennes. Chaque journée commence par une prise de poste dans ce petit cabanon à barrière que vous gérerez entièrement : encaissement, rendu de monnaie, laissez-passer… Dewi devra ouvrir l’œil et observer chaque véhicule pour éviter les erreurs. 1998 : The Toll Keeper Story vous place donc dans la peau d’une péagiste et tout ce que cela implique pour bien terminer votre rotation. C’est l’essence même du jeu : un gameplay relativement simple, basé sur du point’n’click et du bon sens. Mais n’allez surtout pas croire qu’il s’agit uniquement d’encaisser une somme…
Lorsqu’un véhicule se présente, il faut d’abord déterminer sa catégorie. Lors de la première rotation, notre supérieur hiérarchique nous ordonne par exemple de préserver la gratuité des véhicules d’urgence. Encaisser les usagers demande de jouer avec les sous de la caisse, d’assurer le bon rendu de monnaie et d’ouvrir la barrière afin de les laisser continuer leur trajet. Chaque fin de rotation permet d’obtenir son salaire du jour et ses économies réalisées. On remarque toutefois qu’au fil des rotations, Dewi recevra de nouvelles consignes contraignantes et quelque peu hors de ses compétences de base comme fouiller les véhicules, inspecter l’identité des conducteurs ou dénoncer les présumés coupables. Coupable… de ? C’est justement là que 1998 : The Toll Keeper Story devient intéressant. Au-delà de la simulation de péagiste, c’est un véritable pamphlet politique qui se joue en trame de fond.

Une crise profonde
Dewi se trouve malgré elle au cœur d’un conflit politique qui la dépasse totalement et à cause duquel elle reçoit davantage de tâches pénibles à effectuer, sous peine d’être punie d’amendes pécuniaires ou de licenciement, équivalent à un game over. Sur le principe, la jeune femme ne demande qu’à s’exécuter correctement pour subvenir aux besoins de son foyer et assurer l’avenir de son futur bébé. Une vision en laquelle son mari, Heru, ne croit pas du tout… Dans son taxi, il aime à transporter des manifestants sur les lieux de la révolte et croit que le Janapa a besoin d’une véritable tornade politique, alors que le pays se meure. Chaque rotation devient de plus en plus difficile à vivre et demande à faire des choix, à prendre position. Le plus probant étant de distribuer des tracts pro ou anti gouvernement aux usagers. Un choix laissé libre pour le joueur, mais qui aura forcément des conséquences différentes.
Au fur et à mesure des rotations, les alentours de la cabine de péage se dégradent et laissent entrevoir un environnement marqué par la révolte populaire qui se met en place. À sa modeste échelle, Dewi à un rôle à jouer : doit-elle privilégier la stabilité d’un poste qui lui assure ses revenus mais en contraignant ses concitoyens révoltés ou bien doit-elle faciliter le passage des manifestants au risque de perdre son emploi ? 1998 : The Toll Keeper Story ne présente pas de challenge du point de vue du gameplay, bien que les rotations soient limitées en temps et que les tâches s’allongent au fur et à mesure que les jours passent et feront perdre de potentiels gains. Le challenge est avant tout moral et demandera de faire des choix, qui auront des conséquences sur l’avenir de votre pays, de ses habitants et… des proches de Dewi.




Diagnostic final
La simulation d’une vie
1998 : The Toll Keeper Story est une histoire à la fois belle et tragique, puisqu’elle suit le quotidien d’une jeune femme prête à devenir maman et cherchant sa voie dans un contexte qui n’est pas favorable à la parentalité. À moins que… Parfois la vie impose des choix difficiles et c’est ce que propose le message en toile de fond de ce jeu. Un message qui peut résonner à l’oreille de nombre d’entre nous, alors que la France connaît actuellement une crise politique ayant des conséquences sur le moral des ménages. 1998 : The Toll Keeper Story est donc une histoire à vivre, une simulation narrative à côté de laquelle il serait dommage de passer. Elle pourra bouleverser, mais c’est l’avantage du jeu vidéo comparé à la vie réelle : si la fin vous déplaît ou que vous regrettez vos choix, alors il sera possible de recommencer pour débloquer celle qui vous conviendra.
Constantes positives |
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- Une direction artistique sublime
- La gestion de la cabine et des rotations
- L’identification aux personnages et situations
Pathologies |
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- Attention, tout en anglais non sous-titré !
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
| Type : | Simulation, Point’n’Click |
| Développeur : | GameChanger Studio |
| Éditeur : | CC_Games |
| Date de sortie : | 28/10/2025 |
| Version : | Fournie par l’éditeur |
| PEGI : | PEGI 12 : Violence, Sexe, Discrimination |
| Temps de jeu : | 5H |
Configuration PC de test :
| Processeur | Intel Core i5-9300H CPU @ 2.40GHz |
| Carte graphique | NVIDIA GeForce RTX 2060 |
| RAM | 16 Go DDR6 |
| Support de stockage | SSD 500 Go |
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