La Clinique Vidéoludique

Et si vous pouviez changer le cours de l’espace-temps et même être rémunéré pour cela, que feriez-vous ? A Better World, c’est la dernière pépite indé éditée par ARTE Interactive et développée par le studio lillois, Ludogram. Dans ce titre, on nous propose de gravir les échelons de l’entreprise, A Better World donc, en prenant les commandes d’un ordinateur un peu particulier. Assisté de Globos, l’intelligence artificielle en charge du programme, vous grimperez ainsi d’étage en étage, au fur et à mesure que les missions se corseront. Plus on monte, plus les choix auront un impact majeur sur l’ensemble de la communauté mondiale. Empêcher l’assassinat de Kennedy, combattre la faim dans le monde, faire triompher le communisme… Autant de scénarios sur lesquels vos choix auront une influence sur vous, sur l’humanité, mais également sur l’histoire très personnelle d’Anna et d’Henry, le véritable fil rouge narratif du jeu. A Better World c’est avant tout une petite histoire d’amour pour l’Histoire, avec un grand H cette fois. Durant les 2h demandées pour atteindre le 7ᵉ étage en ligne droite, vous prendrez forcément plaisir à redécouvrir certains évènements historiques majeurs de l’être humain. Chaque niveau est bien entendu rejouable plusieurs fois, des fins différentes permettant d’atteindre vos objectifs, selon vos choix. Votre voix compte et porte sur l’ensemble de l’humanité. Un concept relativement ambitieux, né d’une idée toute simple.

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Un monde en mieux ?

A Better World, c’est Un Monde Meilleur à l’origine. Un jeu aux mécaniques relativement simples, sorti sur navigateur en 2020. Fruit de l’esprit d’un seul individu, FibreTigre, il mettait en avant les prémices de ce que pouvait être une expérience de communication avec une IA : rappelez-vous d’Akinator et de ses réponses générées aléatoirement. Sur Un Monde Meilleur, un simple clic sur l’un des choix proposés pouvait amener à des évolutions inattendues pour l’humanité. A Better World en est une adaptation un peu plus scriptée, mais passée sous l’enrobage visuel du studio Ludogram. À sa tête, Edouard Gaudel, l’un des fondateurs de la structure et adepte des Jeux de Rôles, tout comme FibreTigre. Ensemble, ils ont même eu l’occasion de travailler sur des projets vidéoludiques tels que Worlds of Aria ou Firebird, qui reprennent des mécaniques du JDR. Il est à noter que l’univers d’Aria a été crée justement par FibreTigre. Les deux hommes se connaissent donc bien et A Better World est leur nouveau projet collaboratif, offrant au Monde Meilleur une adaptation digne de ce nom. « À quoi ressemblerait la vie d’un(e) salarié(e) dont le job est de changer le cours de l’Histoire afin d’améliorer le monde ? » pourrait être son pitch de base. Si cela vous évoque quelque chose, comme la série TV des studios Marvel, Loki, c’est parce qu’elle aborde justement ce même thème et l’apparence de Globos rappelle forcément celle de Miss Minutes, la sympathique petite horloge. Les deux attachantes petites entités sont centrales et Globos vous accompagnera tout au long de vos périples, tout en guidant vos choix.

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Un monde en plus beau ?

La version de Ludogram est visuellement bien au-dessus de celle du navigateur, cette dernière se contentant de scripts écrits très simples. Il y a là un véritable gap graphique, qui donne une âme à un concept originel obscur. Au-delà de l’enrobage, un véritable effort a été fait pour donner un sentiment de liberté dans nos choix. Dans les faits, c’est un peu moins vrai puisque tout est scripté et les embranchements déjà préconçus. Il suffit de les débloquer selon vos choix. La version navigateur donnait une impression de plus grande latitude à ce titre. Par ailleurs, certains biais vous empêcheront carrément d’aller plus loin dans vos choix les plus délirants, Globos justifiant cela comme des anomalies pouvant provoquer la chute de l’espace-temps. Rien de moins que cela. Si la version navigateur fonctionnait par choix procéduraux, une partie n’étant jamais la même que la précédente, le jeu vidéo propose une approche plus scénarisée, contrainte par l’histoire en filigrane des deux personnages, Ana et Henry. Certains évènements semblent inévitables, qu’importe les choix pour lesquels nous optons, seul le contexte autour changera. Le jeu vidéo a d’ailleurs sélectionné quelques bouts très précis de notre Histoire, en particulier d’un point de vue occidental, afin de justifier la trame scénaristique. C’est là que l’on peut se demander si l’apport d’un outil généré par IA pourrait être efficace en termes de choix poussés à l’extrême et sans limite. Toutefois, cet argument pourrait être contrebalancé par le fait que le “tout procédural et aléatoire” empêcherait forcément de réfléchir aux conséquences de nos choix. A Better World deviendrait donc un simple bac à sable modelable à souhait, perdant de son intérêt global sur les répercussions qu’a chaque choix. Et ce serait dommage, car cela priverait les joueurs de la présence de la charmante Globos, partageant quelques onomatopées au-delà d’une bande-son relativement discrète. Le seul véritable bémol est la jouabilité au pad, quasi impossible à tenir. Là encore, c’est une question de choix, puisque la souris sera plus adaptée à l’expérience globale en jeu. La différence notable étant que ce choix-là n’aura aucune conséquence sur l’humanité !

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