Introduction

« Sous l’influence de la conjonction Mars-Neptune, votre énergie créative est à son apogée. Canalisez-la dans des projets artistiques, pour de remarquables résultats. Évitez les distractions inutiles.” Si comme moi vous avez de la chance d’être Lion, vous voilà verni.

S’il vous arrive à vous aussi de tomber sur ce genre de prédiction à la lecture d’un quotidien ou à l’écoute d’une radio et de hausser un sourcil songeur, il se pourrait bien qu’il y ait un lien avec cet horoscope du dimanche et Astral Ascent.

Après une longue gestation de plusieurs années, un kickstarter et un accès anticipé sur Steam, Astral Ascent est finalement sorti en fin d’année 2023. Fruit d’un petit studio français, Hibernian Workshop, le jeu consiste en un énième roguelite, mais qui a su se tailler en peu de temps une place de choix sur la scène indépendante. 

Il n’est d’ailleurs pas que développé par Hibernian Workshop mais aussi édité par ses soins. Soulignons au passage le suivi exemplaire du studio, qui a assuré le SAV depuis son lancement en novembre et a ajouté moult contenus au fil de l’eau. Le titre est actuellement à sa version 1.4, introduisant au passage, entre autres, de nouvelles armes et donc de nouveaux gameplays pour ses héros.


Par les météores de Pégase !

Roguelite au pitch relativement classique, le but consiste à s’échapper d’une prison intergalactique appelée “Le Jardin” et d’affronter ses gardiens, ici représentés par les douze signes du zodiaque, avant d’avoir affaire au Maître, boss ultime de la prison. On y incarne quatre héros aux caractères distincts et motivations différentes : vengeance et libération sont au programme. Si le scénario est certes convenu, on sent que le studio a cherché ici à créer un lore étendu à son univers aux inspirations diverses. L’histoire se dévoile, à la manière d’Hadès, un peu plus après chaque tentative d’évasion. La découverte de nouveaux dialogues fonctionne tout de même moins bien que pour son aîné, peut-être car ces derniers semblent moins calqués sur l’évolution de notre aventure, mais cela reste tout de même agréable à suivre. À noter que le titre bénéficie de doublages en anglais et même en japonais.

Le phénix renaît toujours de ses cendres sous une forme ou une autre

C’est particulièrement malin d’avoir introduit les références aux constellations et aux signes du zodiaque. Pour ceux ayant baigné dans le club Dorothée ou dans la lecture des mangas, elles atteindront leur cible. De plus, cela va aussi parler au quidam qui a été exposé à n’importe quel média lui ayant tiré les cartes, via la voyante Irma et son thème astral. Ces références culturelles créent un environnement familier, et on n’est finalement pas ou peu surpris d’observer des environnements en accord avec les éléments associés à ces constellations. Pas d’étonnement non plus qu’une partie se déroule selon un cérémonial menant vers l’affrontement avec ces signes.

Comparaison n’est pas raison, mais comme pour Hadès, où la mythologie renvoyait à une forme de culture classique, avec des figures déjà connues et éprouvées, Astral Ascent reproduit un certain parallèle. Le studio aurait peut-être pu jouer encore un peu plus cette carte.

Alors une petite idée sur le signe en question ?

Le jardin d’Éden

Les environnements se démarquent clairement de l’univers sombre et torturé du précédent jeu du studio, Dark Devotion. Ici tout n’est que lumière, la direction artistique introduit des personnages hauts en couleur, aux animations chatoyantes, dans des décors splendides. Cette direction en pixel art est d’ailleurs à saluer, tant elle dénote des canons habituels et se rapproche des productions made by Nintendo. On ne sera donc pas étonné que le titre ait trouvé sa place sur Switch avec ce côté “feel good”. Au cours d’une tentative d’évasion, ces environnements sont générés de manière procédurale sans pour autant perdre de leur superbe ni de leur logique. De nouveaux décors et épreuves sont introduits au fur et à mesure des parties : salles bonus, défis en lien avec les gardiens de la prison, boss optionnels,… et ils méritent tous le coup d’œil. La bande-son qui rythme l’aventure, signée du compositeur de Wizards of Legend, Dale North, est également de qualité.

Petit panorama du Jardin, notre prison

Chaque personnage bénéficie de sorts à sa disposition, certains qu’ils partagent avec les autres protagonistes et d’autres qui lui sont propres. Nos héros ont également une attaque signature, aptitude unique qui complète leur identité. Si Ayla est furtive, rapide et mortelle, sa griffe consiste à passer dans le dos de l’ennemi pour infliger des dégâts majeurs ; Killian, lui, est beaucoup plus massif dans son approche et a une signature qui repose sur une logique de contre, on peut donc l’utiliser plus souvent, mais avec des risques décuplés de dommages à la clé. On gardera la surprise concernant les personnages “bonus”, mais ils sont tout autant synonymes de gameplays différents.

Une tentative d’évasion du Jardin se déroule toujours selon le même schéma. Après avoir opté pour l’un des protagonistes, nous voilà plongés dans une première zone en lien avec l’élément de la terre. La découverte s’effectue dans une certaine confusion, au regard du nombre d’informations qui nous sont données au début du jeu. Il y a de nombreux sorts avec possibilité de les modifier, des bonus passifs, différents systèmes de monnaie et une action nerveuse avec beaucoup de choses à l’écran… C’est après quelques runs que le tout s’est éclairci. 

Première surprise, le système de roulement des magies. Mis à part l’attaque signature qui est propre à chaque personnage et que l’on active selon un cooldown, les autres se déclenchent selon un ordre dédié. Cet ordre est personnalisable, mais on subit vraiment le roulement de nos aptitudes au démarrage, tant l’action est frénétique. Cette simple mécanique nécessite un temps d’adaptation. Apparemment brouillonne, car on a tendance à tout activer à la volée, on s’y fait progressivement en s’appropriant cette roue d’aptitudes et en essayant d’y créer des combinaisons. Ces sorts puisent dans une barre de mana qui se recharge principalement à l’aide d’attaques basiques. 

Je l’accorde, ce n’est pas le sort d’esquive le plus impressionnant mais au moins c’est efficace

Ils peuvent d’ailleurs être renforcés à l’aide de bonus passifs appelés gambits. Plus ou moins rares, ces modificateurs permettent de leur donner des effets complémentaires ou même de les renforcer si ledit modificateur est en lien avec l’élément du sort. Un gambit de feu décuple ainsi la puissance d’un sort de même affinité. D’autres avantages sont également de la partie : les magies peuvent être améliorées, il y a des auras qui donnent des bonus passifs et il est même possible d’augmenter les différentes caractéristiques de notre personnage lors d’une évasion, la santé, la force, le pourcentage de coups critiques, etc.

Rien de tel qu’un peu de rapidité pour un assassin

Les commandes répondent au doigt et à l’œil et les soucis de lisibilité liés à la méconnaissance du titre au démarrage s’effacent. Il y a une vraie fluidité dans la maniabilité des héros. Chaque salle se termine par la capacité d’influer sur la suivante. Comme pour Hadès, on va avoir le choix de son périple et cela passe par la sélection de la récompense souhaitée, qui va de pair avec le niveau de difficulté. C’est finalement au bout de quelques salles que l’on vient à bout de la première zone qui ressemble beaucoup au Jardin, le hub central où on retrouve l’ensemble des PNJ. Cette première étape se conclut sur l’un des “chevaliers” du zodiaque à affronter, le schéma se répète ensuite dans des autres mondes avec pour thème un élément associé à chacun des signes : le feu, l’eau et l’air. 

Ces combats sont mémorables et il est plaisant de découvrir ces gardiens et leurs patterns. Plus tard dans la partie, on peut même mettre à profit la puissance de ces gardiens. Le Maître paraît d’ailleurs en deçà de l’esthétique de ses sbires.

Le vaincre une première fois n’est pas synonyme de fin de jeu puisque de nouveaux paliers de difficulté apparaissent par la suite pour garantir l’intérêt sur la durée.

Salle de combat ou salle de combat, hmm difficile de faire un choix

Alors, qu’est-ce qui fait qu’on relance une partie d’Astral Ascent ? Qu’est-ce qui en fait un bon roguelite ? C’est cette capacité à briser une routine, à casser la monotonie propre au genre, d’abord par son gameplay qui évolue dans les mécaniques apportées au fil des parties mais aussi par la diversité des récompenses obtenues. Personnages supplémentaires, bonus passifs, nouveaux sortilèges, évènements débloqués en cours de partie, bribes d’histoires, les gratifications s’avèrent suffisamment diversifiées pour perpétuer l’intérêt du titre. En parallèle, le jeu nous apprend ses mécaniques. Si l’on appuie un peu frénétiquement sur les boutons dans les premiers paliers de difficulté et que ça passe, notamment dans la succession des sorts, les paliers supérieurs offrent un challenge plus relevé et permettent d’appréhender la richesse des systèmes mis en œuvre.

A noter que le jeu a également le bon goût de proposer de la coopération locale et que l’option Steam Remote Play Together fait des merveilles. 



Avec Astral Ascent, Hibernian Workshop a opéré sa mue. Le studio français offre au joueur un très bon roguelite au suivi exemplaire, que ce soit par son accès anticipé ou le SAV post-lancement. Même si l’inspiration des ténors du genre se fait sentir et que leur ombre plane sur le titre, Astral Ascent a fait siennes bon nombre de mécaniques pour un résultat plus que convaincant. En résumé, un très bon jeu au très bon suivi, à saluer.

Constantes positives

  • Une maniabilité répondant au doigt et à l’œil
  • Une découverte renouvelée
  • La coopération locale
  • La direction artistique au sens large

Pathologies

  • Le système de rotations de sorts d’abord confus
  • Un lore qui mériterait plus d’impact
  • Un boss final qui est en deçà de ses gardiens

Le tampon du spécialiste


Informations complémentaires :

Type :Action, Aventure
Développeur :Hibernian Workshop
Éditeur :Hibernian Workshop, MP2 Games, Maple Whispering Limited
Date de sortie : 14/11/23
Version : Finale
PEGI :PEGI 7 : Légère violence
Temps de jeu : 30h+

Conditions de test

Testé sur PC via steam

par

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