Atari fait partie des légendes éternelles de l’industrie vidéoludique. La société américaine, fondée en 1972 par Nolan Bushnell, a connu des succès planétaires grâce à ses bornes arcades, ses ordinateurs personnels, mais aussi ses consoles de salon. On a tendance à l’oublier, mais c’est Atari qui a permis la démocratisation du jeu vidéo au sein des ménages nouvellement équipés de téléviseurs. Une réalité qui aurait pu ne jamais prendre forme sans l’appui de jeux iconiques, participant au succès de la marque et de l’industrie vidéoludique. Bien entendu, on pense de manière quasi automatique à Pong et son concept aussi simple qu’addictif, mais Atari, ce sont aussi des marques fortes qui ont su perdurer dans le temps. Et le présent test s’intéresse à l’une des plus colorées : Breakout.

D’Atari à Intellivision puis… Atari ?!
Comment faire renaître une légende déchue de ses cendres ? Un pari plutôt relevé qu’Atari veut tenter depuis quelques années maintenant : après le dépôt de bilan en 2013 et le sauvetage financier opéré par la transformation d’Infogrames, Atari est devenue une marque sous investissement français. Dès lors, une mutation a eu lieu et le nom Atari a été accolé à des projets aussi farfelus que des complexes hôteliers éponymes, des jeux pour casino ou encore de la cryptomonnaie. Une évolution assez étrange, qui a toutefois permis au nom et à la marque de perdurer malgré une direction inattendue. En 2017, un virage s’est opéré et les instances dirigeantes se sont souvenues qu’Atari, c’est avant tout du jeu vidéo. Et de sacrés noms en plus !
C’est ainsi qu’est née l’Atari VCS, près de 30 ans après la dernière tentative de concurrencer les mastodontes d’antan, Nintendo, Sega et le rookie aux dents longues, PlayStation. La Jaguar, dernière apparition d’Atari sur le marché des consoles de salon, avait failli couler définitivement l’ancien consolier après un échec retentissant (mais de belles qualités !). A contrario de Sega, qui n’a jamais réellement tenté de retour sur le devant de la scène hardware, la VCS se voulait être un retour en fanfare avec des fonctionnalités majoritairement liées au streaming et une bonne bouille qui rappelle la 2600. Malheureusement, l’objet n’a pas trouvé son public : moitié PC, moitié console, elle est surtout bien en deçà de la concurrence, techniquement. Pourtant, c’est bien un jeu Atari VCS qui nous testons ici. Enfin presque…
À l’origine, Breakout Beyond était une exclusivité… Intellivision Amico ! Vous vous demandez probablement quel est cet engin portant lui aussi un autre nom légendaire, à la lecture de ces lignes. L’Amico est une tentative assez maladroite de faire revivre Intellivision, par le biais d’une console très casual et surfant sur les clés du succès de la Nintendo Wii : manettes à effet gyroscopique, petit écran tactile intégré, molette de contrôle… Sur le papier, elle avait tout de la sympathique console familiale voulant se démarquer des autres. Et plus incroyable encore, un catalogue d’exclusivités plutôt alléchant ! On compte ainsi une suite exclusive à Earth Worm Jim, un descendant spirituel d’Ecco The Dolphin et… Tout un ensemble de titres issus du catalogue d’Atari ! Le tout, réimaginé pour la petite dernière d’Intellivision. Parmi ces jeux, Breakout Beyond.

L’arcade n’a pas dit son dernier mot !
Par un savant tour de passe-passe, certaines des exclusivités d’Atari auraient donc pu reprendre un second souffle sur l’Amico, descendante directe du grand rival que fut Intellivision, à l’époque. C’était sans compter sur le savant move d’Atari, qui s’est tout simplement offert son « concurrent », 45 ans après le début de leur duel fratricide. Si l’Amico ne fait pas partie du deal, les jeux développés en exclusivité sur ce support peuvent donc retourner « à la maison ». Dans les faits, deux stratégies différentes : avec la VCS, Atari a opté pour le remake et une gamme Recharged qui optait pour l’actualisation aux nouveaux standards des licences les plus célèbres. Chez Intellivision, on voulait aller encore plus loin et réinventer les concepts d’époque pour les rendre de nouveau attractifs. Breakout Beyond fait partie de cette stratégie et se paye même le luxe d’une sortie multi-supports incluant le PC, les Xbox Series X|S, la Xbox One, la PlayStation 4, la PlayStation 5, la Nintendo Switch et… l’Atari VCS ! La boucle est bouclée, il est l’heure de casser des briques.
C’est donc avec une grande curiosité que je me lance dans ce Breakout Beyond, intrigué par ce qu’aurait pu être une expérience Amico qui ne verra probablement jamais le jour. Elle se voulait accessible à tous, le menu en est une preuve évidente. Hormis les réglages basiques, le jeu ne propose qu’une option : voyage. Sans plus de précisions, on a donc la possibilité de jouer seul ou à deux. Le premier essai m’amène naturellement vers l’aventure en solitaire, telle que la borne arcade la proposait en 1976. La première surprise est évidente : le scrolling est horizontal ! C’est assurément dû à l’architecture particulière de l’Amico et de ses manettes à molette que l’on aurait pu tenir à deux mains, mais cela fait son effet. Pas de fioritures, pas d’explications : c’est un casse-briques, alors cassons !
Le jeu nous propose un défi réparti sur 72 niveaux à compléter (et à battre). Le chiffre n’est certainement pas dû au hasard et se veut être un hommage à l’année de création d’Atari, en 1972. On comprend en avançant que le challenge sera de plus en plus ardu, à mesure que les espaces se rétrécissent et que les briques gagnent du terrain. Une des caractéristiques de la version modernisée de ce jeu est le rapprochement progressif de notre vaillante barre vers la sortie, indiquée par un très explicite, « goal ». Vous l’aurez compris, le concept est on-ne-peut-plus basique : on renvoie la balle et on casse le mur qui nous fait face pour atteindre la sortie du niveau. Il faut savoir que Breakout est un dérivé du célèbre Pong et que deux tout jeunes employés d’Atari, Steve Wozniak et Steve Jobs, en sont à l’origine de la création. Les deux visionnaires ne le savent pas encore, mais ils viennent de créer un genre à part entière qui aura inspirer de nombreux clones, dont Space Invaders.

En quête du high-score !
Du logo Apple, on reconnaît bien les multiples couleurs des briques, que l’on retrouve volontiers dans le design de la petite pomme croquée. La légende ne dit pas si la paire de Steve a embarqué ce petit souvenir dans leurs bagages, mais on ne saurait s’empêcher d’y penser. Breakout Beyond reste tout aussi coloré que ses aînés et donne une belle impression visuelle à l’écran, malgré une évolution quasi nulle graphiquement, depuis sa révélation sur Amico en 2020… On pourrait reprocher un léger manque de profondeur dans le contraste du noir, mais cela reste très agréable à regarder. Il y a comme un soupçon de Geometry Wars avec toutes ces explosions d’effets visuels. Parfois trop même… Breakout Beyond peut aller très vite, une fois la balle en jeu, et il arrive de perdre la trace de sa bouboule. Heureusement, on a pensé à tout chez les développeurs de Choice Provisions !
Le gameplay est réduit au strict minimum et une souris seule peut faire l’affaire sur PC. C’est d’ailleurs recommandé au vu du peu de latitude dans les mouvements proposés et du manque de réactivité de la manette (même en sensibilité maximale) : le scrolling du jeu est horizontal, les mouvements sont verticaux. L’exacte inversion du jeu d’origine ! Dans les faits, votre barre ne se déplace que de haut en bas et se satisfera de trois boutons pour jouer : le premier pour lancer la balle, le second pour accélérer la vitesse de la barre, le dernier pour ralentir le jeu en cas de perte de repères. Une feature qui se révèle vite utile, mais qui vous fera perdre en combos et autres bonus. À utiliser avec parcimonie pour les adeptes du high-score ! Parmi les autres mouvements disponibles, la possibilité de lifter votre balle, comme au tennis. Il n’est pas nécessaire de détruire toutes les briques pour gagner, alors viser jusqu’à la ligne d’arrivée pourra être un choix judicieux.
Pour vous aider dans cette quête, divers power-ups se débloqueront pendant la partie tels que des murs de protection pour empêcher la balle de partir (et de vous faire perdre une vie), des missiles tirés depuis votre barre ou de multiples balles. Des ajouts bienvenus qui vous sortiront de situations périlleuses, desquelles vous devrez sortir en moins de trois minutes chrono, sous peine de game over ! Pas de panique, chaque niveau peut se rejouer à l’envi. C’est donc votre quête du score à battre qui justifiera ou non de retourner affronter le terrible mur de briques et ses musiques électroniques psychédéliques. Entraînez avec vous un partenaire en coopération locale et vous doublerez l’expérience en temps. Pour les plus coriaces, sachez qu’un mode infini se débloque en toute fin de jeu et vous donnera accès à un classement mondial en ligne, histoire de frimer comme à l’époque des salles de jeux. Quoi qu’on en dise, l’arcade pure et dure reste intemporelle de plaisir.







Diagnostic final
De l’arcade à l’ancienne !
Breakout Beyond ne révolutionne pas le genre, c’est certain. Malgré l’ajout d’éléments contemporains et le passage au scrolling horizontal, la formule reste relativement inchangée. Mais est-ce vraiment ce que l’on cherche en lançant une partie de ce descendant d’une icône de l’arcade ? Breakout a révolutionné tout un genre qui a su perdurer, près d’un demi-siècle après sa sortie. L’histoire d’une barre et d’une balle affrontant un mur de briques. Une recette d’antan, bien fun, bien addictive et que l’on apprécie de relancer à de multiples reprises jusqu’à atteindre les sommets. Rarement frustrante, plutôt bien calibrée à la souris (moins à la manette), l’expérience en vaut la peine et serait parfaitement taillée pour une adaptation sur mobile, du fait de la facilité d’éxécution des mouvements. Le jeu semble même avoir été conçu pour les smartphones tant l’enchaînement rapide de niveaux et la commande tactile seraient parfaitement en adéquation avec une pratique occasionnelle dans les transports. On imagine facilement de pouvoir jouer à plusieurs, téléphone en main, pour battre record sur record. Avant l’esport, il y’avait l’arcade et cette envie d’aller toujours plus loin. Tout droit sortie de l’EHPAD, la franchise Breakout revient en force après un épisode Recharged qui donnait déjà le ton en 2022. Et quel plaisir de voir de beaux projets estampillés Atari revenir sur le devant de la scène !
Constantes positives |
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- Hyper addictif !
- Coloré et boosté par une bande-son énergique
- Une prise en main efficace…
Pathologies |
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- … Tellement qu’on se demande où est le portage pour mobile !
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Arcade |
Développeur : | Choice Provisions |
Éditeur : | Atari |
Date de sortie : | 25/03/2025 |
Version : | Fournie par l’éditeur |
PEGI : | PEGI 3 : tous publics |
Temps de jeu : | 5H |
Configuration PC de test :
Processeur | Intel Core i5-9300H CPU @ 2.40GHz |
Carte graphique | NVIDIA GeForce RTX 2060 |
RAM | 16 Go DDR6 |
Support de stockage | SSD 500 Go |
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