Suivre son instinct
Les chats ne se contentent pas d’être les stars des vidéos humoristiques qui prolifèrent sur le net, ils occupent également une place significative dans les œuvres vidéoludiques. À l’instar de Stray ou de Little Kitty: Big City, Copycat nous plonge dans la peau d’un animal à quatre pattes. Pour autant, le jeu se démarque de ses cousins félins par son choix de narration. En effet, malgré son classement en PEGI 12, le titre aborde des sujets très matures tels que la mort, l’abandon, le rejet ou la maladie.
Après s’être rencontrés sur un projet publicitaire puis avoir collaboré sur un court-métrage et un livre pour enfant, les deux fondateurs du studio indépendant australien Spoonful of Wander ont souhaité s’essayer à la création d’un jeu vidéo. En couple à la ville comme aux claviers, Samantha Cable (chargée de la narration) et Kostia Liakhov (directeur artistique) ont puisé leur inspiration dans leurs expériences personnelles. Pas uniquement en observant leur chatte Flame, mais aussi en se questionnant sur la définition du mot foyer ou sur la capacité de la grand-mère de Samantha à s’occuper de son animal domestique.

Ce projet, qui n’était à la base qu’un loisir de week-end, a pu prendre son envol grâce au financement de Screen Australian, un organisme gouvernemental qui subventionne la création. Fort du succès qu’il a rencontré avec son édition PC, le titre s’offre dès le 29 mai 2025 une sortie console sur Xbox Series X|S et PlayStation 5. Nous avons pu mettre la patte sur le jeu avant son lancement et vous en faire un examen vétérinaire complet.
Combler le vide
Une fois le menu principal franchi, nous nous retrouvons dans un refuge animalier où Olive, une dame âgée, cherche à adopter une chatte pour combler le vide laissé par la disparition de son précédent compagnon. Après avoir choisi notre nouvelle amie selon nos préférences de pelage, nous regagnons notre domicile avec Dawn. Cette dernière ne sera pas facile à apprivoiser puisqu’elle se méfie de l’Homme depuis son abandon et son passage en refuge.

Dès le départ, le ton est donné. Malgré une direction artistique duveteuse et une bande-son relaxante, la narration n’édulcore pas les thèmes abordés. Accueillir un animal dans son foyer est une grande responsabilité et ne doit pas être pris à la légère. Nous n’avons pas le monopole du cœur et ces petites boules de poils ont aussi des émotions. Réfléchissez-y donc à deux fois avant de vous engager pour la vie.
Réveillez la bête qui est en vous
Durant le premier tiers du jeu, nos deux écorchées apprennent à se connaître et à s’apprivoiser. Dawn explore son nouveau chez-elle et s’adonne au passe-temps favori des chats, faire des bêtises. Olive, quant à elle, propose à sa boule de poil de jouer, de se lover dans le canapé et de partager des ronronnements pour combler son manque d’affection. Mais alors que chacun avait trouvé sa place, un événement brutal vient tout bouleverser.

Nous voilà privés de notre foyer, encore une fois. Pourquoi avons-nous renoncé à notre instinct animal pour, au final, être trahis de la sorte ? Nous sommes une panthère et une bête sauvage n’a besoin de personne dans sa vie. Ce passage poignant éveille dans l’esprit du joueur ce que peut ressentir un chat après un abandon, qu’il soit volontaire ou non.
Personnellement, la qualité de l’écriture nous a touchés et chaque thème abordé fait réfléchir. Qu’il soit subtil, comme le rejet des voisins, le comportement de la fille d’Olive à notre égard ou, plus marquant, comme lors de l’événement évoqué plus haut, tout pousse à la remise en question. Nous n’entrerons pas dans les détails afin de préserver le suspense, mais gardez en tête que le message est multiple.
Les moustaches qui frétillent
Notre couple de développeurs a fait le choix d’un gameplay réduit à son plus simple appareil afin de centraliser l’attention sur les messages forts qu’ils souhaitent aborder avec leur œuvre. Entre mini-jeux ou affrontement sous forme de “quick time action” et phase de “runner” entre les ordures et les véhicules, rien n’est punitif. Difficile de placer ce genre de curseur, surtout lorsque l’on veut toucher un large public. Sous sa forme actuelle, il se révèle, selon nous, légèrement trop simpliste et nous aurions aimé pouvoir sélectionner un mode de difficulté, au moins pour les QTA. Rassurez-vous cependant, rien de rebutant ou de rébarbatif, juste une envie d’avoir un peu le poil qui se hérisse.
En ce qui concerne la direction artistique par contre, nous n’avons rien à redire. L’ambiance de la banlieue australienne est parfaitement bien rendue. La bande-son jouée principalement au piano nous accompagne avec douceur dans nos pérégrinations. Nous avons particulièrement apprécié les passages inspirés de la culture africaine lors des rêves de savane de Dawn. D’ailleurs, le changement de patte graphique lors de ces passages est une bonne idée qui démarque bien la frontière du monde réel et celui des songes. Mention spéciale aussi à la voix off digne de National Geographic, dont les interventions très typées documentaires nous ont fait sourire.

Avec une durée de vie de trois heures, le titre se classe dans les expériences narratives à la longueur savamment dosée. Il ne lasse pas sans pour autant nous laisser sur notre faim. La seule ombre au tableau est probablement sa fin, justement, qui n’est selon nous pas au niveau du reste du scénario. Peut-être avons-nous mis trop d’espoirs sur celle-ci après toutes les émotions que nous avons traversées ou sommes-nous passés à côté de la conclusion ? Chacun pourra se faire une idée sur la question. En attendant, une démo est d’ores et déjà disponible si vous voulez vous faire les griffes.







Diagnostic final
Ça ronronne sur le canapé
Copycat n’est pas un énième jeu mettant en scène un héros à quatre pattes. L’œuvre aborde sans détours des thèmes matures tels que l’abandon, la maladie, la mort ou le rejet. Portés par une direction artistique pertinente et une bande-son savamment orchestrée, nous avons reçu le message en plein cœur et nous ne pouvons que vous conseiller de vous frotter au titre. Même si certains lui reprocheront probablement un gameplay trop accessible, personne ne pourra résister à cette boule de poil. Les humains sont faibles, les chats dominent le monde.
Constantes positives |
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- Qualité narrative
- Thèmes abordés
- Bande-son fort bien orchestrée
- Une voix off digne de National Geographic
Pathologies |
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- Gameplay trop simple
- Une fin un peu en deçà du reste
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Aventure |
Développeur : | Spoonful of Wonder |
Éditeur : | Nuuvem, Neverland Entertainment |
Date de sortie : | 29/05/2024 |
Version : | Clé fournie par l’éditeur |
PEGI : | PEGI 12 : Légère violence |
Temps de jeu : | 3H |
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