Harold Halibut a tout du jeu singulier qui, s’il ne plaira pas à tout un chacun, sera un véritable coup de cœur pour d’autres ! 

Développé et édité par Slow Bros., un studio indépendant comptant moins d’une quinzaine de personnes et réussissant l’exploit de proposer un jeu à la direction artistique magique, au récit sincère, le tout empreint d’une humanité touchante. 


Hey Harold ! 

Une fois cela dit, il faut commencer par expliquer pourquoi le titre ne plaira pas à tout le monde et cela tient en deux mots : walking simulator.

Marcher, ça, Harold sait faire ! C’est d’ailleurs à peu près tout ce dont il est capable, en apparence, présenté un peu comme l’idiot du village. Cela, nous le constatons dès l’introduction après qu’une courte cinématique plonge dans les profondeurs de l’océan, dans lequel est immergé ce que nous imaginons être une station sous-marine nommée Fedora 1 et dont nous apprenons rapidement la vraie nature !

Un rapide aperçu de l’intérieur de cette construction et de ses habitants s’arrête finalement sur notre fameux protagoniste en pleine arrestation pour défaut de paiement de titre de transport !

Il n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai et, bien loin d’une volonté de frauder, Harold est juste profondément tête-en-l’air, se défendant comme il peut d’une hausse aussi injustifiée que soudaine des prix du transport.

Les questions sur le monde dans lequel évolue le protagoniste afflux dans notre esprit.

Heureusement, la professeur Mareaux, dont il est l’assistant, est toujours là pour le sortir d’une mauvaise passe. Cette dernière en profite d’ailleurs pour le taquiner à ce sujet, dévoilant ainsi la complicité qui les lie, au-delà de leur relation de travail.

En tant que joueur, nous ne comprenons pas vraiment ce que nous faisons là et le monde qui nous entoure nous pousse au questionnement. À force d’interagir avec le monde et les personnages, Harold va s’avérer être rapidement très attachant et loin d’être idiot, toujours là pour les autres, pour les défendre, les aider, ou simplement les écouter. 

Un homme serviable, quoique légèrement marginal, dans un univers où une seule société toute-puissante contrôle la totalité de ce que nous pensions être une station sous-marine et qui s’avérera finalement être tout autre chose, ou pas… Cela, nous vous laisserons le découvrir par vous-même. 


Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! 

Une fois le PDA récupéré, ordinateur portable nous permettant de suivre l’avancement des quêtes principales et secondaires en cours et les quelques tâches servant de tutoriel accomplies, tous les habitants sont invités à se présenter lors d’une annonce de la présidente de la station qui sera le point de départ de l’intrigue. 

Si cette réunion ne révolutionne pas immédiatement la vie des habitants de Fedora 1, elle va d’emblée nous apporter des réponses, de nouvelles questions, ainsi qu’encore plus de doutes. 

Il est possible de vivre l’aventure de Harold Halibut en accomplissant uniquement les tâches principales, mais quel dommage ce serait, car c’est réellement en prenant le temps de se balader, de discuter avec les locaux, de retourner chaque jour qui passe dans les lieux déjà visités qu’il est possible de voir si oui ou non des choses ont changé et ainsi découvrir de nouvelles quêtes ! 

Alors non, ici pas de récompense lors de l’achèvement d’une quête, à part peut-être un succès/trophée et un croquis dessiné à la main dans le carnet qui accompagne notre PDA.

Pourtant suivre les différentes intrigues ou tout simplement les tranches de vies des personnes gravitant autour du héros est vraiment grisant. 

L’envie de savoir si les frères quadruplés vont finalement se réconcilier, si notre capitaine dépressif d’être dans une station fixe va finalement trouver un sens à sa vie ou tout simplement si le scientifique va trouver une solution aux divers problèmes de la station, est suffisante pour nous pousser à aller plus loin dans l’aventure !

Harold n’est donc pas vraiment un héros. Nous le voyons d’ailleurs plus comme un personnage secondaire de la vie des autres comme s’il devait nous rappeler que le monde ne tourne pas toujours autour de soi mais que cela n’empêche pas d’y vivre une sacrée aventure ! 

S’il est une chose extraordinaire en revanche, c’est la direction artistique dans sa globalité !

Il est difficile de vous parler de l’intrigue sans trop en dire, tout en vous faisant comprendre le besoin que nous avons ressenti de connaître la suite. Difficile également de retranscrire ce sentiment de “on me cache des choses, c’est sûr, ce n’est pas ce qu’il parait. Ha bah peut-être que si en fait… ou peut-être que non et qu’on veut me faire croire que si !”


Course de poulets :

Calme-toi Sherlock et admire la vue. Comme nous le disions, la direction artistique est fantastique, mais le sound design est loin d’être en reste ! Fedora 1 transpire la rouille avec un petit côté Oddworld: L’Odyssée d’Abe ou encore Bioshock, les psychopathes et l’hémoglobine en moins. Le tout est empreint d’une teinte verdâtre nous rappelant sans cesse que nous sommes profondément enfouis sous l’eau, même si, de temps en temps, une lumière artificielle plus orange vient éclairer une pièce décorée de bois et de plastique blanc, ramenant une touche de chaleur qui fait du bien. 

L’utilisation de superlatifs concernant l’esthétique du jeu est purement personnelle et les graphismes en stop motion ne plairont pas forcément à tout le monde. Comme le titre dans son ensemble, finalement ! 

Nous tenons à saluer le superbe travail des développeurs qui ont fabriqué avec de l’argile puis scanné et animé chacun des objets et personnages du jeu pour un rendu digne des films d’animations dont il s’inspire. Si nous devions imager le propos, nous citerions Chicken Run, L’Étrange  Noël de Monsieur Jack ou encore L’Ile  aux Chiens ! 

Graphiquement, le jeu est donc très réussi et si nous prenons un vrai plaisir à nous balader dans des tableaux à mi-chemin entre la 2D et la 3D évoquant une scène de théâtre, nous sommes pourtant amenés à faire un choix bien trop répandu de nos jours, à savoir, décider de jouer en mode performance ou qualité. 

N’ayant visuellement pas vu de grandes différences avec le mode qualité, nous avons opté pour le mode performance. La seule véritable gêne ressentie en jeu provient de la maniabilité : rigide, elle s’adoucit uniquement par la possibilité de courir, mais également par l’ouverture automatique des portes et leur visibilité accrue par un trait jaune, sur notre passage.

Le sound-design  n’est pas en reste : la station craque dans tous les sens, on peut réellement sentir la pression de l’eau sur les entrailles de métal tout comme entendre les rats qui habitent les murs. 

L’aventure est parsemée de musiques plutôt joyeuses et, de temps en temps, de sonorités plus électroniques ou symphoniques permettant de souligner les effets dramatiques visibles à l’écran. 

Le tout est doublé en anglais et sous-titré en français ! Quelques bugs mineurs de traduction nous ont d’ailleurs un peu perdu au début :la station s’appelant un coup Fedora 1 et un autre Agora 1, ou encore certains sous-titres toujours affichés en anglais, mais nous sommes à peu près sûrs qu’un patch de sortie corrigera ces quelques éléments. 

Pour arriver au bout du jeu, il faudra compter une quinzaine d’heures non dénuées d’humour ! À l’image d’Harold nous faisant rire malgré lui, les situations ne sont jamais « lourdes ». La preuve en est qu’il nous a fallu utiliser le système de transport plus d’une quarantaine de fois avant de nous rendre compte que nous voyageons littéralement… dans une chasse d’eau !



Comme nous le disions en début de test, Harold Halibut ne va pas plaire à tout le monde ! Mais si l’esthétique hors norme du jeu avec ses personnages dignes de Wallace et Gromit vous attire et que vous cherchez une histoire prenante, touchante et profondément humaine sur fond de questionnement sociétal, foncez, car vous ne sortirez pas indemne de cette rencontre avec des personnages aussi maladroits qu’attachants !

Constantes positives

  • Une direction artistique sans faute et rafraîchissante
  • Une histoire qui questionne et surprend sans cesse 
  • Des personnages charismatiques et attachants
  •  Se balader dans les niveaux est un vrai bonheur
  • Des thèmes musicaux marquants 

Pathologies

  • Une maniabilité un poil lente 

Le tampon du spécialiste

Informations complémentaires :

Type :Jeu d’aventure
Développeur :Slow Bros.
Éditeur :Slow Bros.
Date de sortie : 16/04/2024
Version : Fournie par l’éditeur
PEGI :PEGI 12 : Légère violence
Temps de jeu : 15H

Matériel de test :

par

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