Le pathos et le logos

Développé par la petite équipe de Pathos Interactive, un studio indépendant suédois, Hotel Architect est un jeu de gestion proposant de construire et de gérer des hôtels, le tout sur un ton humoristique. C’est le deuxième jeu du studio, leur premier jeu étant Bannermen, un RTS sorti en 2019 qui est resté plutôt confidentiel. Nous allons donc voir ce que vaut la proposition du studio sur ce tycoon.

Attention, avant toute chose, il convient de préciser que le jeu est encore en accès anticipé sur Steam, avec des mises à jour modifiant le gameplay quotidiennement. Le test a été effectué en majorité sur la version 8.13.15 du 25 avril 2025. Le français est disponible parmi 9 autres langues, pour l’interface et les textes, les personnages parlent, quant à eux, dans une langue imaginaire un peu similaire aux Simlish des Sims, pour ne citer que lui.


Les lieux de villégiature

Le jeu nous propose quatre environnements : Göteborg (Suède), Santorin (Grèce), Paris (France), St Anton (Autriche). On peut en apercevoir un cinquième pour le moment, encore bloqué, mais la roadmap annonce en réalité 3 autres niveaux : New York, Las Vegas (et ses casinos), ainsi qu’un hôtel en Chine.

Chacun de ces environnements a ses spécificités : par exemple, la température élevée en Grèce, ou le froid extrême en Autriche, des éléments qu’il faudra prendre en compte pour le confort de votre clientèle.


Différents objectifs

Pour vous stimuler, différents objectifs sont à compléter sur chaque lieu. Ces objectifs vous permettent de déverrouiller des objets, des tapisseries, des sols. La plupart sont facultatifs, alors que d’autres vous permettent de faire monter de niveau votre hôtel en permettant la construction d’un spa, d’une salle de conférence, des éléments parfois indispensables pour un certain type de clientèle.

La plupart sont assez faciles, alors que certains sont encore obscurs ou manquent d’explications au moment de l’écriture de ce test. Par exemple, une des missions requiert de transformer une personne en fantôme, mais ce n’est qu’à la mise à jour du 19 mai qu’une barre de vie est apparue. Nos clients peuvent donc potentiellement perdre de la vie mais je n’ai malheureusement pas pu voir ce mécanisme durant mon test.


On a la clientèle qu’on mérite

Un des aspects qui déroute le plus est la clientèle. Cette composante est divisée en 6 catégories : Routard, Dingue de sport, Fan de bronzette, As du business, Môme de riche et Nabab. Il y a un petit menu qui décrit leurs exigences, légèrement caché dans l’UI tant qu’on n’y a pas fait attention. Je suis personnellement resté bloqué pendant un petit moment à cause de ça, donc si vous aussi vous vous creusiez la tête, je pose ça ici : il faut cliquer sur une chambre, n’importe laquelle, puis passer en revue les catégories, vous verrez une petite checklist apparaitre.

Pour attirer un type de client en particulier, il faudra bien s’assurer de vérifier ces critères, qui peuvent être d’avoir une fenêtre, un certain standing, mais fixent aussi une limite sur le prix de la chambre, sinon il ne se déplacera pas chez vous. Le prix de la chambre est d’ailleurs fixé automatiquement en fonction de son équipement, avec tout de même une possibilité d’appliquer une ristourne de -25%, -50%, ou -75%, au cas où vous auriez eu la main trop lourde sur la décoration.


C’est la zone

Pour gérer votre hôtel, vous disposerez de plusieurs outils à votre disposition. Un classique système de zonage qui impose parfois un minimum d’objets à placer pour les valider. Une chambre devra a minima posséder un lit, un endroit pour poser ses bagages et une commode pour être validée par exemple. Pour construire, il faudra faire venir des ouvriers, avec 3 options disponibles, la moins chère étant la plus lente, mais si vous êtes pressé (après tout, le temps c’est parfois de l’argent), vous pouvez embaucher une grosse équipe, promettant des travaux rapides mais n’oubliez pas de les renvoyer chez eux une fois le travail terminé sous peine de finir rapidement ruiné. Car oui, il faut leur demander de rentrer une fois le travail terminé. Une mécanique un peu rébarbative à la longue, mais aussi peu intéressante. Il y a toutefois une petite spécificité stratégique originale : il est possible d’acheter des palettes de stock pour éviter les allers-retours au camion.


La gestion du staff

Pour faire tourner votre business, il vous faudra bien sûr de la main-d’œuvre, si possible qualifiée. Les employés ont un niveau d’expérience, verrouillé par défaut par votre arbre de compétence. Ils possèdent aussi certains attributs, certains peuvent être charismatiques ou fainéants, mais dans les faits, c’est très peu visible. Leur niveau d’expérience augmente automatiquement après avoir accumulé un certain nombre d’heures. Il n’y a en revanche pas de système de formation des employés.


Besoin d’un ravalement de façade ?

Les graphismes du jeu ne sont clairement pas son point fort et quelques bâtiments sur les côtés de l’hôtel vous enverront quand même quelques vibes de South Park sur Nintendo 64 (pour les vieux de la vieille qui connaissent), mais l’avantage, c’est que le jeu est très fluide et tournera sur n’importe quelle petite machine, et ce, malgré le fait qu’il ait plusieurs étages. Il y a même la possibilité d’installer un ascenseur cela dit en passant. Vous pouvez décorer vos intérieurs avec différents types de sols et tapisseries même si beaucoup sont juste des déclinaisons de couleurs.


Pas de bras, pas de chocolat… un humour qui ne fait pas toujours mouche

Hotel Architect tente de jouer la carte de l’humour, un peu comme le font les Two Point (voir notre test de Two Point Museums) mais cela ne fonctionne malheureusement pas. Le trailer annonçait une ambiance chaotique et beaucoup de fun, mais ces personnages, avec une tête en SD et des mains flottantes, manquent cruellement de charisme. Je n’ai en tout cas jamais vraiment ri devant le jeu, à part quand j’ai mis un portrait de Mona Lisa valant 1 million de dollars au-dessus des toilettes. Le jeu ne boxe pas du tout dans la même catégorie que les Two Point sur ce point, mais bref, passons au Gameplay, le cœur du jeu.


On s’ennuie ferme

Et le problème est bien là. On peut faire en quelques minutes le tour des mécaniques. Des micro-tutoriels parsèment chaque début de carte, mais ils n’ont pas n’ont plus grand-chose à raconter. Nous embauchons du personnel, établissons nos chambres en fonction de la demande des clients, ajoutant un des éléments nécessaires au niveau (spa, salle de conférence, salle de sport) ou sélectionnons un menu ou une carte pour le bar et restaurant et… c’est à peu près tout. Il reste la gestion du chaud, du froid, de la décoration, de la propreté et des ordures, du stock ainsi que la possibilité d’obliger certains employés à se restreindre à une zone définie. Vous pourrez même accueillir des déchets toxiques, un conteneur ou des voitures abandonnées pour remplir vos caisses, et vous auriez tort de ne pas le faire au début, car l’impact sur la clientèle est très limité (là encore, au moment de l’écriture de ce test). 

Le management est lui aussi très basique, on peut quasiment l’ignorer. Je n’ai d’ailleurs rencontré aucune difficulté pendant la quinzaine d’heures passée dessus. Toutes les cartes font du bénéfice ou presque, avec ou sans votre gestion, quand vous démarrez un environnement. Je n’ai pas eu le besoin d’utiliser l’emprunt une seule fois. Et pour rester dans les points négatifs, il n’y a pas encore de possibilité de faire des modèles de chambre, ce qui devient très rapidement rébarbatif. Là aussi, c’est prévu d’après la roadmap, donc wait and see.

En l’état, il y a des mises à jour toutes les semaines et les défauts présents actuellement ne le seront peut-être plus, on sent en tout cas une volonté d’écouter les retours des joueurs.

Pour info, une sortie est aussi prévue sur Xbox, PlayStation et Switch, mais aucune date n’a été communiquée pour le moment. Nous reviendrons probablement sur l’évolution du jeu à l’occasion de ces sorties.


Constantes positives

  • Un jeu fluide, demandant peu de ressource
  • La possibilité d’avoir plusieurs étages
  • La thématique de l’hôtellerie qu’on retrouve très peu dans les jeux de gestion

Pathologies

  • Des mécaniques trop simplistes
  • Pas aussi fun que le promet le trailer
  • Peu de contenu (pour le moment)

Le tampon du spécialiste


Hotel Architect peine pour le moment à convaincre à cause de mécaniques beaucoup trop simplistes et d’un manque flagrant de contenu. Vous pourrez y passer une dizaine d’heures, mais commencerez vite à tourner en rond, et malheureusement ce n’est pas le mode bac à sable, trop basique, qui devrait vous motiver à y replonger. La difficulté est aussi malheureusement inexistante.

Le cœur de cible est peut-être les débutants, à la recherche d’une première expérience dans le domaine sans avoir à dérouler des pages de statistiques ou à micro-manager chaque aspect du jeu. Son prix reste toutefois contenu, comme ses ambitions : 15,99€.

Cela dit, le potentiel est là, le jeu tourne parfaitement, je n’ai pas rencontré un seul crash, et il y a une base de départ pour faire quelque chose d’intéressant. Il faudra pour cela le complexifier, le densifier. Mais en l’état, ma critique est plutôt tiède, et on est plus sur un 3 étoiles qu’un 5 étoiles, c’est-à-dire qu’on y passe quelques bonnes nuits, mais rien de mémorable. Bref, difficile pour moi de le conseiller, à moins que vous soyez fan de jeu de gestion et n’ayez rien à vous mettre sous la dent en ce moment.

Informations complémentaires :

Type :Jeu de gestion
Développeur :Pathos Interactive
Éditeur :Wired Productions
Date de sortie : 20/05/2025
Version : Fournie par l’éditeur
PEGI :PEGI 7
Temps de jeu : 16 h

Configuration PC de test :

ProcesseurIntel Core i9-12900K CPU @ 5.20GHz
Carte graphiqueNVIDIA GeForce RTX 4080
RAM64 Go DDR6
Support de stockageNVME GEN4
Plateforme de jeu : Steam

par

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