Qui tient le pinceau ?
Thomas Waterzooi, un nom qui ne vous dira probablement pas grand-chose, sauf peut-être aux gastronomes avertis qui feront sûrement un rapprochement avec ce plat typique des Flandres, le waterzooï (littéralement “eau qui bout” en néerlandais). N’y voyez cependant aucun rapport, quoique… Après avoir travaillé sur Divinity Original Sin (Larian Studio) et Hitman (IO Interactive), notre vaillant développeur a senti bouillir en lui le besoin de se lancer dans une carrière en solo. C’est donc dans son cerveau en ébullition qu’a mijoté l’idée de revenir à l’essentiel et d’ouvrir le 10e art à un plus large public. En fondant son studio, Thomas Waterzooi souhaitait en effet créer des expériences vidéoludiques intemporelles qui ne sont pas victimes de la “hype” et qui pourront toucher plusieurs générations, sans prendre une ride.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il a volontairement choisi un format court et des graphismes en 2D pour ses productions. Son premier jeu, Please, Touch the Artwork, mettait en lumière les œuvres du peintre néerlandais Piet Mondrian (Pieter Cornelis Mondrian) dans un puzzle game plutôt ingénieux. Fort du succès de celui-ci, Thomas Waterzooi a souhaité lui offrir une suite en s’inspirant cette fois des toiles de son compatriote, James Ensor (James Sidney Edouard, baron Ensor). Le titre, développé en à peine six mois, est disponible gratuitement sur Steam et terminaux mobiles depuis un peu plus d’un an. C’est ici sa version Nintendo Switch que nous avons pu ausculter au sein de notre cabinet, avant sa sortie programmée le 23 mai 2025.

La grisaille d’Ostende
Les toiles abstraites et colorées de Piet Mondrian laissent donc place aux œuvres plus sombres et macabres de James Ensor. Fils d’un ingénieur en proie à l’alcoolisme et d’une commerçante vendant des masques de carnaval, des coquillages et autres souvenirs de bord de mer, ce peintre, graveur et anarchiste belge, puise son inspiration dans la grisaille de son histoire et des paysages côtiers ostendais. Rien d’étonnant, donc, que ses toiles soient peuplées de motifs macabres et de personnages de carnaval grotesques. D’ailleurs, en plus d’incarner le squelette issu de l’autoportrait de l’artiste, nous croisons régulièrement au fil du jeu l’un des personnages emblématiques de son œuvre, L’intrigue, qui prend un malin plaisir à entraver notre pérégrination.

Pas de visite guidée imposée
Rassurez-vous toutefois, Thomas Waterzooi a largement puisé dans les productions de l’artiste pour rendre l’aventure des plus agréable. Composée de seulement cinq niveaux à parcourir dans l’ordre souhaité, dont un petit prologue et un épilogue plus généreux, cette dernière est relativement courte. Trop courte, même. Il ne faut cependant pas plus d’une heure pour arpenter les plages d’Ostende, les natures mortes ou encore les célébrations issues directement des tableaux de James Ensor. Notre déambulation culturelle, si éphémère soit-elle, est agréablement portée par une bande-son très bien choisie et laisse toute son importance à l’image, tout en nous ouvrant l’esprit.

Les puzzles proposés dans ce second volet sont plus accessibles et accordent vraiment toute la place à la découverte de l’hommage que Thomas Waterzooi a voulu rendre. On retrouve principalement de la recherche d’objets, qui oblige à scruter les tableaux dans les moindres détails, pour dénicher ceux qui se fondent le mieux dans la peinture. Si la fonctionnalité de zoom ne vous permet pas de débusquer la petite allumette introuvable, il est possible d’activer les indices en jeu. On peut donc afficher à l’écran s’il reste un item à découvrir dans le tableau ou bien solliciter une assistance pour carrément nous le désigner. Tout est fait pour ne pas être bloqué, ni que la frustration perturbe notre découverte.

De façon plus anecdotique, nous devons rechercher des erreurs entre une toile et sa reproduction ou réparer certains accidents en recollant d’un trait l’outrage. Nous avons d’ailleurs souri lorsqu’il nous a fallu puiser dans nos souvenirs lointains pour tracer le motif d’une enveloppe, sans lever le doigt. Ce gameplay simple, mais pas simpliste, s’adapte parfaitement à la Nintendo Switch et à son écran tactile en mode portable, mais marche aussi très bien en configuration dockée, grâce au bras squelettique qui vient nous prêter mainforte et que nous dirigeons très instinctivement avec le joystick. Nous émettrons juste une petite réserve sur la lisibilité, et donc sur la facilité dans la recherche d’objet, sur une console non dotée d’un écran Oled.
Il faut savoir accueillir une œuvre pour ce qu’elle est
Vous l’aurez compris, nous sommes ici en présence d’une œuvre vidéoludique qu’il faut savoir analyser pour ce qu’elle est. Thomas Waterzooi a voulu rendre hommage à l’un de ses compatriotes et nous pousser à découvrir ses productions de manière ludique, en cela le pari est pleinement réussi puisque au-delà de ce test, nous avons découvert tout un univers artistique en prenant la peine de gratter le vernis. C’est aussi pour cela que nous vous invitons à vous procurer cette version dématérialisée, proposée à 4,99 euros sur l’ eShop de Nintendo, malgré la disponibilité du titre en free-to-play sur d’autres supports. Il faut savoir être mécène, parfois, si l’on veut encourager la production artistique.







Diagnostic final
Lorsque le 10e art rend hommage au 3e
Avec ce second volet, Thomas Waterzooi pousse encore un peu plus son désir d’ouvrir l’art au plus grand nombre, qu’il soit vidéoludique ou plus classique. Tout est pensé pour que le joueur passe un agréable moment culturel. Avec le concept éprouvé de la recherche d’objet, le gameplay se met au service du vrai but recherché: rendre hommage à un peintre dont les œuvres méritent d’être étudiées. De notre point de vue, le pari est réussi et nous avons hâte de découvrir le sujet du prochain titre de ce développeur qui s’attelle déjà à sa troisième œuvre en solo.
Constantes positives |
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- Une direction artistique intemporelle
- Une découverte culturelle tout en douceur
- Une difficulté ajustable grâce aux indices
Pathologies |
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- Un peu trop court, comme tout ce qui est bon
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Puzzle Game |
Développeur : | Thomas Waterzooi |
Éditeur : | Thomas Waterzooi |
Date de sortie : | 23/05/2025 |
Version : | Fournie par l’éditeur |
PEGI : | PEGI 7 : Peur |
Temps de jeu : | 1H |
Matériel de test :

Switch OLED
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