« La Grille. Un nouveau monde numérique. J’essayais de visualiser les myriades d’informations qui circulaient dans l’ordinateur. À quoi pouvaient-elles bien ressembler ? À des vaisseaux ? À des motos ? Et leurs circuits, à des autoroutes ? Je rêvais sans cesse de ce monde que je pensais ne jamais voir. Et puis, un jour… j’y suis entré ! ». C’est ainsi que commence le long-métrage Tron L’Héritage (2010), suite du célèbre Tron (1982) de Disney. Le personnage principal, Kevin Flynn, raconte à son fils comment il est finalement parvenu à rentrer dans la Grille, à la rencontre des programmes qu’il avait lui-même conçus. Bien des années plus tard, Tron s’est installée parmi les franchises de la pop culture, en proposant deux films à grand budget (un troisième épisode, Ares, est attendu en 2025) ainsi qu’une dizaine de jeux. Tron Catalyst est le dernier en date et celui qui nous intéresse tout particulièrement. Préparez vos disques de combat, on retourne dans la Grille !

Tron univers impitoyable

L’univers dépeint dans la saga Tron est assez riche pour y développer de multiples histoires originales. Il faut dire que le principe de « rentrer » physiquement au cœur des circuits d’un ordinateur est un vieux rêve pour tout voyageur numérique et que de nombreuses fictions s’y sont prêtées : parmi les plus récentes, on pense à Ready Player One (2014) de Steven Spielberg ou les deux suites de Jumanji (2017 et 2019), dans lesquelles les personnages principaux étaient « aspirés » dans le jeu vidéo du même nom. Disney avait même repris le concept de Tron pour les plus jeunes en créant Les Mondes de Ralph (2012) et sa suite, Ralph 2.0 (2018) où un personnage de jeu vidéo d’arcade part explorer les bornes voisines de la salle, puis le World Wide Web. En 1982, Tron offrait déjà cette excursion numérique devenue culte.
Les franchises qui ont marqué leur temps au point de faire rêver des générations entières, c’est ce qui intéresse les têtes pensantes du label Big Fan Games. Créée il y a environ un an sous bannière de l’éditeur Devolver Digital, cette nouvelle entité entend proposer des adaptations fidèles de films, séries et autres comics. Par adaptations, on peut également y voir des créations originales se déroulant dans les univers cultes de la pop culture. Tron Catalyst est le premier grand projet édité sous ce label et le fruit des équipes de Bithell Games. Habitués des succès depuis leur titre phare, Thomas Was Alone, ces fanatiques de science-fiction ne pouvaient pas passer à côté de Tron.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Bithell Games développe un jeu autour de cette licence, puisque Tron Identity était paru en 2023 sur PC et Nintendo Switch. C’est dans un univers connu, la Grille Arq, que se poursuit leur nouveau titre, Tron Catalyst. Aussi vaste que l’ensemble des possibilités qu’offre le monde digital, ce nouveau jeu basé dans la saga de Disney propose une toute nouvelle histoire, dans une grille Arq au bord de l’effondrement. Vous incarnez Exo, un programme conçu pour effectuer des livraisons dont la dernière course ne se déroule pas comme prévu. Transportant un mystérieux colis, celui-ci explose avant d’atteindre son destinataire et transporte notre vaillante héroïne d’un jour au cœur d’une intrigue à laquelle elle n’était pas préparée.
Toute la richesse d’une licence comme Tron provient de sa créativité infinie et l’histoire de cet épisode Catalyst mélange plutôt habilement les genres. Il faut dire que notre pauvre Exo se retrouve en mauvaise posture dès les premiers instants du jeu et se voit transportée dans l’arène de la Grille Arq, après avoir été arrêtée et condamnée pour cette explosion dont elle n’est vraisemblablement pas responsable. Amputée virtuellement de son bras, elle fait face à l’interrogatoire autoritaire de l’imposant Conn et semble prise au dépourvu, alors que tout semble l’accuser. Tandis qu’elle se rend dans l’arène pour combattre, l’improbable se produit : elle rejoue la scène et revient dans le bureau de Conn, avec ce sentiment d’avoir déjà vécu ce moment…
Au fil de l’intrigue, on comprend que ce que transportait Exo n’était pas un simple paquet de données, mais un Glitch la coinçant dans une forme de boucle temporelle. De simple personnage anonyme de la Grille, elle devient porteuse d’un espoir de changement, alors que plusieurs factions s’affrontent pour le contrôle d’Arq. Dans ce monde créé par Kevin Flynn lui-même, l’ordre établi semble chamboulé et des personnages comme Conn, Tacitus ou les factions Core et Automata. Exo veut se faire une place et rétablir sa vérité grâce au pouvoir fabuleux dont elle dispose. Aidée de multiples alliés qu’elle apprendra à rallier à sa cause, sa quête l’emmènera jusqu’aux confins de cette Grille chahutée.
Grille de correction

L’utilisation de la boucle temporelle est une belle idée de départ. Le scénario surprend et happe rapidement le joueur dès l’introduction. On entrevoit facilement les possibilités d’une telle capacité et les missions s’enchaînent au rythme des interrogatoires de PNJ et de petits boulots annexes qui permettent d’explorer la ville principale, façon GTA Chinatown Wars. La vue du dessus en 3D isométrique et le fait de se balader à pied ou en Cycle Lumineux fait son petit effet, le tout porté par la bande-son très immersive de Dan Le Sac. Le compositeur avait déjà travaillé sur Tron Identity et propose des sons tout à fait « tronesques » qui participent grandement à l’immersion globale. On se surprend facilement à explorer chaque recoin. Ce qui se fait rare dans un jeu indépendant.
Toutefois, l’euphorie est quelque peu ralentie au fil des chapitres. Si les combats ne manquent pas de dynamisme, malgré quelques imprécisions manette en main (on pense notamment au lancer de disque), l’utilisation de la boucle temporelle ne se fait pas toujours intelligemment. Il arrive même de ne l’employer qu’à des fins de rejouabilité rallongée artificiellement. Plus l’aventure passe, plus on ressent une forme de redondance dans les mécaniques utilisées. Pourtant, les néons flashy de l’univers Tron ne cessent de maintenir l’attention et de vouloir amener Exo au bout de la quête qui s’est imposée à elle. Il faut dire que cette franchise a de quoi captiver les plus ardents opposants à la SF.
Nous l’avons évoqué précédemment, la richesse de Tron c’est toute sa créativité et les possibilités étendues d’un monde qui semble infini. Chaque rencontre avec de nouveaux alliés donne lieu à de savoureux dialogues et le scénario est rarement anticipable, tant les factions chercheront à vous arrêter dans votre avancée. Il faudra même attendre la fin du jeu pour y découvrir un beau cliffhanger que l’on attendait encore moins. D’un point de vue scénaristique, Tron Catalyst maîtrise plutôt bien son sujet et saura maintenir en haleine. On regrettera évidemment cet aspect redondant sur certains chapitres, malgré des tentatives de varier le gameplay et les situations. Pour cela, on pourra compter sur le Cycle Lumineux d’Exo.
Véritable atout de notre personnage, cette moto emblématique de la saga Tron est parfaitement jouable et il est assez grisant de se débarrasser de ses ennemis à coup de flux de couleur. Elle servira autant à se déplacer que comme un atout de combat, en complément parfois des coups au corps-à-corps. Ces derniers seront de temps en temps frustrants, par manque de précision, mais la maîtrise du contre au moment adéquat rendra les combats plus dynamiques. Au cours de l’aventure, il sera possible de collecter des données afin d’augmenter les capacités d’Exo et de la rendre encore plus habile. On ne saurait que trop conseiller la difficulté Action, parfait mélange entre affrontements dosés et mise en avant du scénario, pour une expérience équilibrée.
Chez Bithell Games, on a également pensé au lore et à tout un codex accessible et complétable au fur et à mesure de l’aventure. Ouvrez l’œil par ailleurs : plusieurs clins d’œil et autres easter eggs sont dissimulés en jeu, pour peu que vous preniez un peu de temps à explorer. L’un des plus sympathiques étant bien entendu la version virtuelle de la salle d’arcade de Kevin Flynn au cœur de l’Arq, lieu d’où tout a commencé en 1982. Plusieurs quêtes annexes vous feront découvrir certains aspects de cet univers si riche et proposeront quelques lignes de dialogues aux aspects particulièrement philosophiques, vous faisant réfléchir à la place du libre-arbitre ou encore aux libertés individuelles. Après tout, Tron c’est un peu notre société actuelle… Avec des néons méga cools.
NB : suite à un souci technique indépendant de notre volonté, nous ne sommes pas en mesure de vous fournir des captures d’images faites par nos soins. Les illustrations présentées sont celles fournies par le service de relation presse de l’éditeur. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour ce désagrément et mettrons à jour cet article dès que possible.








Diagnostic final
De « Tron » itruant à « Cata » strophique, la Grille aurait pu basculer…
Tron Catalyst marque le retour de la saga dans le monde du jeu vidéo, auquel elle est intimement liée. Forcément, les premières expériences étaient adaptées à l’arcade et consacrées à reproduire ces fameux combats de disques lumineux qui ont fait rêver plus d’un gamin des années 1980. Peu à peu, les jeux se sont étoffés et ont cherché à produire des expériences originales dans un univers aux possibilités quasi illimitées. Ce deuxième titre de Bithell Games, le premier édité sous label Big Fan Games, offre une trame scénaristique captivante, au coeur d’une Grille en proie au chaos. Osons le dire, elle pourrait faire l’objet d’une adaptation cinématographique tant la boucle temporelle permet plusieurs retournements de situation. Toutefois, Tron Catalyst pêche par un rythme parfois inégal et des imperfections dans la maniabilité qui pourraient faire décrocher certains joueurs. Ajoutons à cela certaines phase en aller-retour redondantes et l’on aurait frôlé le reset. Pourtant, il existe dans ce titre une force captivante qui donne envie d’aller jusqu’au bout et de porter Exo dans sa quête d’un monde virtuel stabilisé. Jeu moyen, mais bonne expérience Tron. Il est tellement rare de voir des adaptations de cet univers que le fan saura probablement pardonner ces quelques écarts pour se lancer corps et âme au coeur de la Grille. N’est-ce pas ce pour quoi Big Fan Games a été lancé ?
Constantes positives |
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- Une histoire captivante
- Des mécaniques astucieuse
- Des quêtes intéressantes
- Des néons !
Pathologies |
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- Quelques redondances
- Un rythme inégal
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Action, aventure |
Développeur : | Bithell Games |
Éditeur : | Big Fan Games (Devolver Digital) |
Date de sortie : | 17/06/2025 |
Version : | Fournie par l’éditeur |
PEGI : | PEGI 7: Violence |
Temps de jeu : | 8H |
Configuration PC de test :
Processeur | Intel Core i5-9300H CPU @ 2.40GHz |
Carte graphique | NVIDIA GeForce RTX 2060 |
RAM | 16 Go DDR6 |
Support de stockage | SSD 500 Go |
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