Introduction
Développé par les Suédois d’Iron Gate Studio et édité par Coffee Stain Publishing, Valheim est tout d’abord sorti le 2 février 2021 sur PC avant d’atterrir sur Xbox One et Series le 14 mars 2023 en accès anticipé. La petite équipe de cinq développeurs signe ici l’un des jeux les plus marquants parmi ceux orientés vers la survie et le crafting, malgré des moyens modestes.
Le soft a, presque contre toute attente, été un carton immédiat, tant commercialement que d’un point de vue critique. L’ajout du titre dès son arrivée sur consoles dans le Xbox Game Pass a d’ailleurs probablement contribué à ce succès. (NDLR : Nous avons avec Jewoc passé des dizaines d’heures, pas loin de trois cents au moment où j’écris ces lignes. J’imagine d’ailleurs que mon acolyte n’hésitera pas à exprimer son point de vue, même si je pense ne pas me tromper en disant que nous sommes tous les deux tombés littéralement amoureux du titre, qui est en constante évolution et dont il nous reste moult secrets à découvrir).
Un modèle de survie accessible
Suite à une très brève création de personnage, nous avons deux possibilités : celle de rejoindre un serveur communautaire ouvert jusqu’à dix joueurs où le PvP est praticable, ou bien créer le nôtre en partie privée. Pas foncièrement fans des parties en ligne pendant lesquelles certains événements peuvent se dérouler en notre absence, nous avons préféré la jouer safe avec Jewoc et jouer en coopération.
Diverses options sont activables parmi lesquelles nous pouvons choisir de rendre les ennemis passifs (mais non moins agressifs une fois qu’ils se sont mangés un coup de latte), ou encore lancer un mode Marteau, l’équivalent d’un mode construction libre ne nécessitant aucune ressource. Petite précision concernant cet aspect : il est tout de même indispensable d’aller récolter une première fois chaque type de composant afin de découvrir les nouvelles recettes, tout comme il demeure nécessaire de farmer la nourriture ou les ingrédients pour le craft d’armes ou d’armure. La gratuité ne concerne alors que les éléments liés à la fabrication de notre base, loin d’être désagréable une fois que l’on a déjà érigé des dizaines de murs.
Notre avatar débute son périple vêtu d’une simple peau de bête, au milieu de menhirs rituels indiquant le nombre de boss à abattre. Un corbeau posé non loin distille quelques astuces pour débuter et la direction à suivre, symbolisée par cette pierre runique sur laquelle un dessin rupestre couleur sang indique notre première cible : Eikthyr, le dieu cerf dont les bois sont enveloppés d’une énergie électrique.
Il est alors temps de se lancer dans l’aventure en ramassant nos premières branches de bois, cailloux et framboises. À propos de la nourriture, nous avons fortement apprécié le côté non obligatoire d’ingurgiter, toutes les cinq minutes, de quoi se sustenter comme dans beaucoup d’autres titres du genre. Dans Valheim, manger ne procure qu’un bonus de points de vie ou d’endurance, temporaire évidemment, et souvent salvateur, mais pas indispensable. Il est parfaitement faisable de parcourir le début du titre sans manger quoi que ce soit, mais vous vous doutez bien que cela risque de vous compliquer la tâche par la suite.
Une fois le nombre d’ingrédients nécessaires réunis, un passage par le menu de construction offre alors la possibilité de créer une première hache, un marteau, une torche et un sommaire bâton de bois qui permettra de se défendre face aux premiers ennemis du jeu : les sangliers, les nixes et les Naingris.
L’utilisation du marteau permet de passer en mode construction. Totalement flexible, il prend en compte l’intégrité structurelle et la ventilation. Comprenez par là qu’il faut avant tout poser de solides fondations avant d’ériger le moindre mur. Deuxième point, nous avons pu comprendre assez rapidement qu’il était plutôt judicieux de mettre le feu de camp à l’abri de la pluie, mais afin de rester un tant soit peu efficace, il demeure préférable d’ériger une cheminée au-dessus de celui-ci afin d’éviter une asphyxie au monoxyde de carbone. De même, une structure en bois perdra de sa longévité lors d’une violente tempête ou de pluies torrentielles. Il nous a été possible d’observer une réduction de la résistance des murs une fois le bois imbibé d’eau. L’idée est géniale.
Il y a assez peu de recettes, mais chaque nouveau composant découvert en déverrouille de nouvelles. L’artisanat est relativement intuitif et vraiment simple à comprendre. Il suffit tout bonnement de regrouper le nombre de ressources nécessaires et d’aller sur le poste de travail adéquat pour fabriquer notre équipement. Au départ, nous nous contentons d’une table de fabrication, activant un périmètre constructible. La nuit tombant, il est l’heure de poser un bivouac de fortune pour faire rôtir ces cuissots de sangliers fraîchement chassés. Plusieurs dizaines d’heures plus tard, nous avons érigé une forteresse en pierre immense sur une île isolée afin de limiter les raids ennemis.
L’occasion de découvrir le penchant systémique de l’aventure : le bruit généré lorsque nous coupons du bois pour monter notre bivouac attire les Naingris, ces êtres humanoïdes végétaux, sur lesquels les troncs peuvent chuter lors de la coupe, occasionnant de sérieux dégâts. Craintifs face au feu, agiter la torche devant eux les fera fuir, avant de revenir à la charge lorsque celle-ci s’éteint. Certains d’entre eux, moins téméraires, garderont leurs distances et préféreront nous jeter de la caillasse comme des lâches.
D’autres ennemis beaucoup plus redoutables se tapissent sur les nombreuses îles qui jonchent la carte du monde. À l’heure actuelle, nous dénombrons pas loin d’une vingtaine de types d’adversaires différents, chacun disposant de variantes. Les Naingris justement, disposent de quatre archétypes : ceux qui viennent nous affronter au corps-à-corps, les fameux manifestants de Mai 68 lanceurs de pavés, les Brutes avec leur gourdin plus grands que celui de Rocco Siffredi et les Chamans vomissant une brume verdâtre, qui soigne leurs alliés tout en nous infligeant un statut d’empoisonnement. Enfin, certains d’entre eux possèdent un statut élitaire et octroient à leur mort de plus rares butins, mais sont en revanche bien plus résistants aux coups.
Les combats reposent sur un système de gestion de l’endurance. Chaque mouvement effectué, que ce soit un coup d’épée ou une esquive, ponctionne la jauge d’endurance qu’il va falloir apprendre à gérer. La maîtrise et la préparation sont alors la clé du succès. Plusieurs types d’armes aux statistiques et mouvements distincts sont utilisables, autant à distance qu’au contact. Enfin, un système de parade “timée” permet d’étourdir temporairement un ennemi, tandis qu’il nous reste aussi la possibilité de bloquer ou simplement esquiver les coups via une roulade.
Une ode à l’exploration et à la liberté
Le terrain de jeu est immense. La carte du monde, totalement procédurale, se parcourt 99 % du temps à pied ou en bateau. Nous avons découvert sur le tard un matériau permettant fabriquer une selle, afin de chevaucher certaines créatures, mais nous n’avons pas encore eu l’occasion de la fabriquer ni de l’essayer. Les trajets sont souvent longs et quand même parfois fastidieux, surtout que nous avons une limite de poids autorisée dans notre inventaire.
Une fois celle-ci dépassée, il devient nécessaire de se délester de ce qui provoque un surpoids, sous peine de voir la barre d’endurance rapidement réduite à néant, immobilisant notre fier Viking tel un piquet. Et plus nous progressons dans l’aventure, plus nous allons nous éloigner de notre base. Heureusement, une sorte de brouette permet de se charger un peu plus, mais nous avons parfois galéré à monter une petite côte à cause de sa cargaison trop lourde. Oui, là aussi, la gestion du poids est requise. L’aide providentielle de Jewoc, afin de pousser derrière ou même déblayer le chemin, nous a bien souvent sauvé l’expédition.
À un stade un peu plus avancé, nous avons pu installer des portails de téléportation. Placés judicieusement, ils permettent de passer d’un biome à l’autre suite à un très léger temps de chargement. Mais les développeurs ne nous ont pas facilité la tâche pour autant.
En effet, leur construction requiert des composants à récupérer dans des grottes hostiles blindées de squelettes en surnombre, bien souvent gardés par un énorme Troll des forêts redoutable. Afin que la téléportation fonctionne, il faut placer un portail d’entrée, qu’il sera de bon ton d’installer à l’intérieur de notre mur d’enceinte, celui de sortie devant être disposé au plus près de notre objectif du moment. Enfin, afin que cela fonctionne correctement, il faut leur donner exactement le même nom, à la majuscule ou au caractère chiffré près. Nommer l’entrée ‹‹Montagnes›› et la sortie ‹‹montagnes›› coupe cette possibilité de transfert, il faut donc être vigilant.
La solution que nous avons adoptée, c’est d’inscrire à l’endroit où est placé le portail de sortie, un marqueur personnalisé sur la carte portant le nom exact attribué au téléporteur concerné. Étant donné que l’on peut en fabriquer autant que voulu si l’on possède les ressources, nous avons dans un premier temps installé certains d’entre eux à l’entrée des nouveaux biomes découverts.
Autre restriction imposée, certains objets, comme les minerais qui sont d’ailleurs extrêmement lourds à porter, ne peuvent être transportés par ce biais. Dans un premier temps, nous avons d’abord décidé de ne pas trop nous charger et d’en ramener par petites doses au campement. Dans un second temps, nous avons opté pour le transport via le Karv, cette barque à voile faisant office de mini drakkar. Pourquoi, nous demanderez-vous ? Et bien tout simplement parce qu’il dispose d’une petite cale permettant d’y stocker jusqu’à 120 minerais de métal.
C’est toute une organisation qu’il va falloir trouver. Le jeu en coopération est alors une force en ce sens. L’un de nous multipliait les allers-retours, pendant que l’autre restait à la base afin de fondre le métal et forger un équipement plus résistant. Chaque joueur peut vaquer à ses occupations ou s’attribuer un rôle : aller explorer les marais ou la montagne enneigée, chasser le cerf à l’arc, raser la forêt environnante, ériger les murs de fortification, cuisiner… Les occupations se multiplient au fil de l’aventure.
Abordons maintenant le système de progression. Notre personnage augmentera ses capacités en effectuant diverses tâches. Par exemple, couper du bois de façon industrielle remplit une jauge, basée sur un nombre de points allant jusqu’à 100. Plus la jauge monte, plus nous serons un bûcheron efficace. Simple et basique. En revanche, si nous jouons en mode standard, mourir lamentablement sous les pieds d’un troll ou lors d’une noyade soustrait systématiquement un certain nombre de points. La vigilance est donc particulièrement requise, surtout lorsque l’on joue seul.
La mort demeure assez punitive car en plus de perdre des statistiques, l’intégralité de notre inventaire, équipement dernier cri inclus, reste à l’endroit exact du trépas. Combien de fois nous nous sommes vus devoir retourner en slip sur place, nécessitant parfois plus de quinze minutes de marche, fabriquer un nouveau bateau, courir quéquette au vent en slalomant entre les flèches et les coups d’épées ennemis, tout ça pour mourir à nouveau, comme une merde il faut le dire, pile au moment où nous allions cliquer sur notre cadavre encore fumant, servant de papier toilette au troll qui nous avait délicatement martelé le crâne une demi-heure avant.
Malgré cela, nous y retournons encore et encore, nous faisant parfois ouvrir en deux dans les plaines par ces Gobelins ou ce boss Dragon de Glace dans les montagnes, telle la Mer Rouge par Moïse . Et pourquoi donc ? Tout simplement car le titre d’Iron Gate Studio est juste jouissif ! L’évolution est fluide et régulière, nous débloquons constamment de nouvelles ressources et de nouvelles recettes. Le terrain de jeu est absolument immense et plutôt varié. Et surtout, c’est un point de vue purement subjectif, Valheim a malgré tout un léger effet feel good. Rester pendant des heures à construire sa base a des vertus reposantes. C’est tout bonnement parfait après une dure journée passée au boulot.
Et que dire de ce sentiment de liberté que nous éprouvons lorsque nous prenons la mer et que nous découvrons à l’horizon une terre inconnue. Enfin ça, c’est lorsque nous arrivons à poser les pieds à terre, car les océans ne sont pas non plus un exemple de sécurité. Nous ne saurons que trop vous conseiller de ne pas trop traîner dans votre embarcation la nuit. Si vous voulez titiller de la dorade ou du poisson globe, préférez y aller en journée…
Différents boss marquent la progression. Au nombre de six à l’heure du test, chacun d’entre eux possède une palette de mouvements distincts. Ils requièrent une préparation soignée : l’un d’entre eux fait apparaître des racines qui nous fouettent la tronche, tandis qu’un autre étalera sa bile empoisonnée sur une grande surface, tout en étant sensible qu’à des dégâts contondants. Chacun d’entre eux marque une étape importante de l’aventure car ils permettent d’avancer encore plus loin via les récompenses qu’ils octroient. Le premier par exemple, le divin cerf Eikthyr, sur lequel nous pouvons ramasser les bois, donne la possibilité de fabriquer notre première pioche, tandis qu’un autre nous donne la clé des cryptes, ces donjons ultra dangereux dans lesquels nous récolterons nos premiers minerais de fer.
Enfin, disposer leur tête sur les pierres ancestrales auprès desquelles nous sommes apparus en début de partie nous file des pouvoirs activables à la volée, mais néanmoins soumis à un cooldown assez long (environ 20 minutes d’attente pour le “refresh”). Assez inégaux en termes d’efficacité ou d’intérêt, ils demeurent néanmoins une composante essentielle à ne pas négliger. Parmi ceux disponibles, celui du dragon des glaces Moder fait souffler le vent dans les voiles du radeau de manière optimale pendant cinq minutes, tandis que celui de l’Aîné améliore notre capacité à couper du bois.
Un aspect technique qui peut rebuter
En voilà un sujet qui fera probablement débat. Il n’y a pas grand-chose à noter du point de vue de la fluidité, le titre tourne plutôt bien en 30 images par seconde sur Xbox Series X en mode équilibré. Le mode performance, lui, nous a un peu moins convaincus, donnant étrangement l’impression que le titre rame un peu plus. Du clipping et du lag restent quand même à mentionner, surtout lorsque notre base possède une ampleur importante. De même, quelques soucis de hitbox viennent parfois entacher les phases de combats, sans non plus rendre injouables les rixes, assez punitives sur les boss ou lors de l’exploration de certains biomes.
Graphiquement, l’esthétique a de prime abord de quoi piquer les yeux par ses textures dignes de l’ère fin PS1 / début PS2, mais la colorimétrie chatoyante lors des couchers de soleil rattrape la bouillie de pixels avec le ton pastel qui va bien. Les développeurs ont inclus un système de lumière et de brouillard volumétrique du plus bel effet, renforçant l’immersion malgré un visuel tout de même désuet. Notre œil finit par s’y habituer, au point de trouver le jeu réellement joli et agréable.
Concernant l’interface, il n’y a pas grand-chose à redire. La barre de vie et les emplacements sont visibles en bas à gauche de l’écran, la jauge d’endurance ne s’affiche que lorsqu’on la vide. Un pointeur au centre de l’écran permet d’ajuster l’angle de tir ou de cibler précisément les objets à récolter. Enfin, une mini carte révèle notre emplacement, et une barre de raccourcis bien utile demeure accessible à tout moment.
Nous pouvons y insérer jusqu’à dix objets à utiliser, allant du marteau de construction à l’épée dernier cri, ou encore les potions de soins ou de résistance au poison. Il faudra adapter ces raccourcis à chaque situation. Nous avons par exemple assez vite compris que ne pas y inclure les potions de soins entraîne une mort quasi certaine lorsque nous devons aller les sélectionner manuellement dans notre inventaire. Dans ce cas précis, les trois à quatre secondes nécessaires à leur sélection suffisent à nous faire passer de vie à trépas. Une bonne préparation reste alors de mise avant chaque intention d’exploration.
Nous aurions encore énormément de choses à dire sur le titre, probablement de nombreuses anecdotes parfois drôles à vous raconter, mais le meilleur conseil que nous pouvons vous prodiguer à cet instant est tout simplement de vous lancer dessus, si ce n’est déjà fait. Pour rappel, le titre est encore actuellement disponible dans le Xbox Game Pass, et jouable en cross play entre le PC et les différentes Xbox. Enfin, pour ceux souhaitant passer à l’achat, il coûte environ une vingtaine d’euros, uniquement en dématérialisé.
Diagnostic final
« Une ode à la liberté et à l’imagination »
N’y allons pas par quatre chemins, Valheim est un véritable bijou parmi les jeux de survie existants. Malgré ses quelques faiblesses sur le plan technique, le titre d’Iron Gate Studios offre une liberté d’exploration et un plaisir à nul autre pareil. Les heures défilent sans que l’on puisse se lasser. Sa progression fluide et son challenge à la fois accessible et relevé en fin de partie nous ont définitivement convaincus. Le contenu, s’il peut paraître faible de prime abord, promet tout de même des dizaines d’heures de plaisir absolu, pour le peu que l’on accroche au genre.
Constantes positives |
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- L’univers vaste et dangereux
- L’effet médicamenteux
- Malgré tout joli visuellement
- La liberté de construire ce que l’on veut, où on veut
- L’exploration constamment récompensée
- Le challenge bien présent au bout de quelques heures
- Une durée de vie quasi infinie
- Quelques options pour faciliter la progression si on le souhaite
Pathologies |
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- Peu de boss disponibles pour l’instant
- Du lag bien présent si notre base est étendue
- L’OST, agréable mais pouvant devenir redondante
- Quelques soucis de hitbox
Le tampon du spécialiste
Informations complémentaires :
Type : | Survival / Action RPG |
Développeur : | Iron Gate Studios |
Éditeur : | Coffee Stain Publishing |
Date de sortie : | 14/03/2023 |
Version : | Game Preview |
PEGI : | PEGI 12 : Légère violence |
Temps de jeu : | 300h+ |
Matériel de test :
Xbox Series X
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