Le studio taïwanais Red Candle Games, plutôt familier des jeux d’horreur, avait surpris le monde vidéoludique en sortant Nine Sols en mai dernier, sur PC et Mac. Metroidvania, donc jeu de niche par essence, le titre avait surpris à la fois par sa direction artistique, son gameplay et surtout sa difficulté, qui l’avait rapidement élevé au rang de “Sekirovania”. 

Rejoignant d’autres titres prestigieux du genre comme Hollow Knight, Ori and the Blind Forest ou Katana Zero, Nine Sols s’est forgé une solide communauté de fans et s’est attaqué, le 26 novembre dernier, à l’univers des consoles de salon.

Yi bien mal en point

La légende des Rois Chats

L’histoire débute par une défaite. Douloureuse. Déshonorante. Laissé pour mort au fond d’un ravin après une chute vertigineuse, Yi paraît assailli dans ce qui semble être ses derniers instants par de sombres tentacules, avant de sombrer dans l’inconscience.

Plus d’un an s’est écoulé depuis que notre félin aux allures de sage a été libéré par un enfant joueur de flûte, qui lui tient compagnie au fond d’une grotte reculée. La première tâche qu’il nous confie après un très bref tutoriel consiste à aller récupérer une fleur d’hibiscus pourpre, qu’un sanglier farceur a négligemment commencé à mâcher avant de s’enfuir. Les premiers combats sont très simples (pas vraiment de répondant de la part des ennemis) mais préfigurent un gameplay à la fois complexe et précis. 

Pas très propre, cette découpe…

Le passage par le village, plus ou moins incognito, permet d’en apprendre plus sur les croyances locales et ces fameux Sols, ces divinités qui ont “sauvé” l’humanité. L’amitié de nos deux personnages est cependant menacée, car l’enfant doit partir rejoindre ses parents lors d’un mystérieux rituel imminent. 

Rituel qui fait basculer le titre environ un quart d’heure après son début dans une ambiance technologique et gore (on aime les démembrements), complètement à l’opposé de son introduction ultra sereine. Yi est loin d’être un simple escrimeur vagabond et la chasse aux neuf Sols a, dès ce second départ, un petit arrière-goût de vengeance salée, aux implications bien plus lourdes que l’on pourrait le penser.

Le moment où tout bascule

Un bonze avec une crête ? Non, vous n’y êtes pas du tout.

Red Candle Games nous plonge donc très rapidement dans son univers si particulier, qu’il définit lui-même comme “taopunk”. Technologique de partout, que ce soit dans les décors traversés, les ennemis rencontrés et surtout dans les thématiques abordées, tout respire la dystopie sombre et déprimante qui a relégué l’humanité au second plan (voir même bien plus bas que cela). Visuellement très alléchant, le talent graphique du studio s’imposesurtout lors des passages dans des décors traditionnels. La bande-son, souvent planante et atmosphérique, mais avant tout chinoise, est particulièrement propice à la méditation.

Technologique ET spirituel !

Pourtant, il ne faut pas s’y fier totalement. Les dialogues empruntent fréquemment au langage familier dans leur version française (la “faute” à la localisation ou aux dialogues d’origine ?) au détriment de l’immersion. En revanche, ils sont plutôt bien amenés et permettent à notre félin pas si zen que cela de balancer quelques punchlines bien senties. La spiritualité y est forcément très présente, avec des réflexions intéressantes sur la conscience, la nature profonde des choses et le monde en général. Le titre reste très sombre et mature dans l’ensemble, ce PEGI 16 n’est pas juste là pour faire joli.


Pas assez rapide, petit scarabée…

Les mécaniques metroidvaniesques du titre ne brillent pas par leur originalité (niveaux tortueux, raccourcis à débloquer avec une compétence nouvellement acquise, coffres cachés…) et le système de carte est un peu particulier à prendre en main. L’évolution du personnage est là aussi très classique, avec ce hub central qui se remplit progressivement de personnages offrant leurs services, leurs boutiques, leurs améliorations et aussi pas mal de discussions animées. 

L’entraînement à la parade aérienne, indispensable

Manette en main, c’est un régal. Yi répond au doigt et à l’œil. Le combat est évidemment le point fort du titre : impitoyable est probablement ce qui résume le mieux sa doctrine. Fidèle aux principes de Lao Tseu, il requiert observation, doigté et réflexes. Tout mouvement superflu ou désordonné est l’assurance d’une punition douloureuse (voir mortelle). Tel l’eau, il faut s’adapter constamment aux situations et s’imprégner de ce non-agir qui est l’un des piliers du taosime.

La parade (surtout quand elle est parfaite) est au centre du gameplay et permet de tirer parti de l’ensemble de l’arsenal de Yi, dont le sabre n’en est que le principal atout. Bien entendu, les boss sont particulièrement bien pensés, obligeant systématiquement à réévaluer son approche face à leurs différentes phases. Un apprentissage dans la douleur, parfois long, mais au final fabuleusement gratifiant. À ce propos, il est d’ailleurs conseillé aux aspirants pas vraiment sûrs de leurs capacités de commencer le titre en mode “Histoire”, un peu moins punitif ; il n’y a aucune honte à reconnaître ses faiblesses.



Diagnostic : On vous conseille une séance de méditation avant… ET après.

Niveau d’attente

Brulant


Finalement, faut-il se frotter à Nine Sols ? Définitivement oui, rien que pour l’immersion dans cet univers taopunk si particulier et tellement séduisant. En revanche, il faudra s’armer de patience et de persévérance, car le titre de Red Candle Games n’usurpe pas son appellation de Sekirovania. Il faut s’attendre à de nombreux échecs en chemin, accepter le fait de s’entraîner et pratiquer pour atteindre l’illumination et l’harmonie, mais surtout la victoire.

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