Mission “couillue” cherche héros en devenir

Nous sommes en 2025 et toute la sphère vidéoludique est occupée ? Toute ? Non. Nous avons réussi à contacter, dans notre entourage, des gamers qui n’avaient jamais touché à certains monuments du jeu vidéo. Des incontournables, des mastodontes, dont tout le monde a entendu parler et probablement au moins essayé une fois. Pour ce premier épisode, nous nous sommes attaqués à un cas extrêmement grave. Après de nombreuses recherches, nous avons réussi à trouver un miraculé qui n’avait jamais joué à un Call Of Duty de sa vie. Si, si, c’est possible ! 

Suite à de nombreuses tractations, divers pots-de-vin et la promesse que son identité ne soit jamais dévoilée, nous avons obtenu son accord afin qu’il essaye, pour la première fois de sa vie, un épisode de la célèbre licence. En l’occurrence, le dernier en date, sorti en novembre dernier. Afin de préserver la fraîcheur de l’expérience et surtout la santé mentale du sujet, nous l’avons uniquement soumis au tout début de la campagne solo de ce Black Ops 6, mais sans aucune préparation.

Lors de cet exercice quelque peu particulier et plutôt fort peu commun, nous avons donc pris l’initiative de confronter son ressenti à chaud avec l’analyse de l’un de nos cliniciens, au fil du premier niveau de la campagne de Call of Duty : Black Ops 6. Si le premier, vous l’aurez compris, se lance pour la première fois dans la franchise, le second en est plutôt (très) habitué. De quoi confronter deux regards sur un jeu qui a tendance à faire l’unanimité au fil des ans. Bienvenue au goulag !


Des dialogues pertinents, à n’en pas douter

Quels sont vos ordres mon Colonel ?

GarrusPr0x1 : De base, j’suis pas un joueur multi. Les tac tac boum boum, où tout le monde tente de montrer qu’il a la plus grosse, ça ne m’intéresse pas. J’suis de la génération PlayStation, Jak & Daxter, Spyro et compagnie. Rayman aussi. Bref, des jeux qui te sortent de ton quotidien et qui te font rêver avec des univers colorés et joyeux. Quelques années plus tard, j’ai découvert Mass Effect et en bon fan de science-fiction, j’suis tombé dedans à pieds joints. C’est aussi un jeu de tir, mais au moins tu vois ton personnage et je préfère ça. Dès le départ (ndlr: en 2003), Call of a été présenté comme un jeu avant tout compétitif. Et c’est pour moi une excellente raison de ne pas s’y frotter, même si de nombreuses personnes dans mon entourage sont tombées dedans. Certaines y sont restées, d’autres ont vite compris que ce n’était pas pour elles.

Davcotron : Kalof, c’est vraiment une base annuelle dans mon cas. C’est une franchise que j’aime détester ou que je déteste aimer ! Le genre qui fait dire qu’on ne doit pas acheter le prochain épisode car ils se ressemblent tous, les sensations ne sont pas réalistes, le moteur graphique est dépassé, etc. Pourtant, j’ai besoin de ma perfusion régulière. C’est réconfortant. J’apprécie énormément d’avoir mon petit CoD à côté d’un autre jeu en cours de mon backlog. Attention toutefois, cas particulier ! Si je joue quelques fois en multi et surtout à Warzone, je suis un davantage fan des campagnes que je dévore d’une traite. J’ai donc pleuré à chaudes larmes le choix de Treyarch de ne proposer aucun mode solo sur Black Ops IIII. Conséquence ? Pas d’achat ! Heureusement, ils se sont bien rattrapés depuis.


Nos testeurs étaient prévenus…

Signez en bas, Soldat, c’est juste une formalité !

GarrusPr0x1 : Comme dans tout jeu Triple A et surtout multi, on commence (après la centaine de gigas à télécharger) par l’acceptation de tout un tas de conditions d’utilisation que, par habitude, on ne lit jamais. Mais ça donne l’impression de mettre un peu le doigt dans une secte, par une triple validation… Ensuite, la connexion obligatoire (ou la création dans notre cas) d’un compte Activision… De mieux en mieux… Pendant ce temps, plusieurs téléchargements “complémentaires” s’effectuent en arrière-plan et un dernier redémarrage pour tout bien mettre à jour… Un véritable marathon !

Avant même l’écran d’accueil, on est assailli par l’annonce des évènements du moment et le lien bien mis en avant vers la boutique du jeu. Le marketing au plus haut niveau. Comme tout l’univers CoD est regroupé au sein de ce hub, il faut d’ailleurs changer de “page” pour pouvoir accéder au jeu. Encore une mise à jour… Et on accède enfin à la campagne, qui n’est d’ailleurs pas le choix par défaut. Première mission, “Le fou prend la tour”, et c’est parti !

Davcotron : Pour moi, aucune surprise en vue ! Je connais la série des Kalof, ses spécificités et son fonctionnement. Après deux épisodes un peu en deçà en termes scénaristiques, Modern Warfare 3 ayant à l’origine été conçu comme un DLC du précédent épisode, je souhaitais une campagne forte pour ce nouveau Black Ops ! D’ailleurs, je préfère largement cet arc narratif. Ce côté bien plus ancré dans l’Histoire, l’aspect plus poussé vers l’espionnage, la trahison…, c’est fascinant ! 

Black Ops 6 est donc un opus que j’attendais de pied ferme. Il fait suite à Cold War, sorti en 2020, ce dernier ayant proposé une nouvelle approche pour la série avec un système de choix de missions et une planque d’où organiser ses prochaines opérations. Treyarch, le développeur des Black Ops, a toujours orienté son approche vers une certaine forme de créativité que n’a pas l’arc Modern Warfare, plus classique. Malgré un fichier d’installation démoniaque tant il est imposant, j’avais hâte de lancer ce nouveau Call of Duty !


Et le melon, ça va ?

L’Histoire est réécrite par les vainqueurs… Toujours ?

GarrusPr0x1 : L’intro permet de replacer la licence dans le contexte historique réel. Sur des images d’archives au découpage dynamique, on revit l’évolution de l’échiquier géopolitique des dernières décennies du XXème siècle. Reagan, Gorbatchev, Bush, ces illustres dirigeants partagent l’affiche avec une brochette de militaires, des noms et des portraits qui défilent sans que l’on puisse pleinement les fixer immédiatement, pour qui ne connaît pas la licence : Jane Harrow, Frank Woods, Troy Marshall et plusieurs autres.

Sans transition, on assiste à l’interrogatoire de Troy, qui a l’air pour le moins compliqué. Et complètement à la ramasse en VF sur la synchronisation labiale. Et un headshot pour l’immersion ! On apprend l’existence d’un groupe paramilitaire très actif, le Panthéon, qui aurait été à l’origine du fiasco de la mission. L’évocation des souvenirs de la campagne au Koweït en 1991 permet de plonger, après une ouverture explosive, directement dans l’action. Notre commanditaire, Livingstone, a demandé à ce qu’on mette la main sur un certain Alawi qui cherche à sortir du pays.

Davcotron : Même si cela paraît étonnant de prime abord, Black Ops 6 fait plus ou moins suite à Black Ops 2, dont une bonne partie du déroulé scénaristique se passe dans un futur hypothétique. On retrouve le duo iconique composé de Frank Woods et de Russel Adler, tandis que l’équipe devient clandestine. Les Black Ops, c’est un fil rouge datant de l’épisode World At War, dont l’intrigue se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale. Cet arc narratif a su créer une cohérence de laquelle Treyarch n’a pas dévié.

À part l’erreur stratégique de l’épisode Black Ops IIII, centré uniquement sur une expérience multijoueur, le studio californien a toujours su répondre présent et peaufiner son bébé jusqu’à en faire la vitrine des Call of Duty, là où les Modern Warfare d’Infinity Ward n’ont jamais réellement évolué. Black Ops 6 pousse encore plus loin la direction de la fine équipe suréquipée, agissant dans l’ombre pour le « bien commun » et arpentant le monde à la recherche des bad guys qui veulent tout détruire. Dit comme cela, c’est forcément simpliste. Pourtant, ce dernier Treyarch affine davantage sa proposition autour du thème des secrets et des agissements dans l’ombre.


Ah ! Là, non…

La (pas d’)patrouille perdue dans la tempête du désert

GarrusPr0x1 : Eh bien, dès le début, c’est pénible. L’impression que le personnage se traîne comme un pépé sous respirateur, la visée est une purge, une trop longue pression sur l’une des directions latérales nous fait presque nous retourner. Ce n’est plus une manette que l’on a en main, mais une savonnette mouillée. Quant à l’aide à la visée (automatique) elle est un peu aux fraises : on repère un mec à droite d’un véhicule, on vise et… on se retrouve sur celui qui vient d’apparaître à gauche, en mettant la moitié de son chargeur dans le vent…quand on ne bloque pas sur un point plus éloigné pile entre les deux. Les deux armes à disposition ont l’air vaguement identiques, hormis leur design et le bruit qu’elles font.

Saïd Alawi est rapidement récupéré et les choses commencent sérieusement à partir en sucette. Panthéon débarque en force et il faut se frayer un chemin vers la sécurité. On nous présente alors la roue des équipements afin de déployer un mini buggy télécommandé. Et, faut faire quoi avec ? Aucune idée, avancer sans doute. Sans vraiment comprendre, et la faute là encore à une maniabilité très approximative, on finit par rentrer en collision avec un soldat ennemi. Boum ! Est-ce que c’était ce qu’il fallait faire ? Aucune idée, on reprend son flingue et on va descendre du méchant. Enfin on essaye… Et immédiatement, on se fait plomber le derrière on ne sait pas comment, impossible de savoir si on est à couvert ou pas (et souvent apparemment pas), ça gueule des ordres dans tous les sens et on ne comprend pas grand chose. C’est tellement le bordel qu’on se demande si c’est nous qui touchons les ennemis ou les bots. Spoiler : même un aveugle tirerait mieux que ça.

Premier, ou second checkpoint… et ça devient tout de suite compliqué de passer. On ne compte plus les morts en une poignée de minutes dans ce mini-canyon aux allures de nasse, et on vérifie au cas où : ah ben oui, on est bien en Recrue, et on imagine même pas le calvaire que ça doit être dans les autres modes de difficulté. Quand ce n’est pas une grenade, c’est une roquette, ou une rafale qui vient là encore d’on ne sait pas trop où. C’est brouillon, les PNJ de l’escouade sont vraiment là pour la déco et l’ambiance… et il est impossible d’y aller à la bourrin. Une micro fenêtre pour lâcher une rafale… et souvent y revenir pour une seconde, parce que ça ne suffit pas, même si le type en face est tombé à terre. Par contre, les cadavres en mode ragdoll qui “flottent” par-dessus les textures de l’environnement, c’est juste une honte pour un titre de ce calibre.

À peine sortis de ce merdier, un certain Adler aux lunettes scintillantes débarque et dessoude sans sommation la cible que l’on devait protéger. Génial. Pas le temps de souffler puisqu’un hélico de Panthéon nous poursuit et il faut l’abattre au lance-roquettes… Un autre grand moment de “bonheur”. Cette pseudo-séquence en QTE est le comble de la pénitence, d’autant plus qu’il est impossible de zapper le blabla juste avant. Deux roquettes à caler, ça n’a l’air de rien, mais quand le viseur fait des siennes à cause de la sensibilité (déjà modifiée deux fois depuis le début, sans réellement trouver un bon équilibre), eh bien, on recommence… plusieurs fois. Fin de mission et retour au bureau sombre pour finir le désagréable conciliabule.

Encore un gus qui n’a pas respecté les consignes de sécurité…

Davcotron : Nul besoin de reprendre en détails le contenu de cette première mission fidèlement retranscrite par notre cobaye novice. Parlons dès lors du ressenti et de la mise en scène de cette première mission, qui nous emmène au Koweït. On est cette fois dans le contexte de la Guerre du Golfe, menée par Saddam Hussein. L’action se déroule en 1991 et décrit un flash-back d’une mission menée par l’équipe Black Ops. Après un interrogatoire musclé à Langley, le siège de la CIA, les protagonistes sont quelque peu secoués par leur hiérarchie, en demande d’explications sur le déroulé de ce qui définira le scénario de cette campagne. C’est en territoire hostile que notre trio du jour débarque, arme à la main, en quête d’un certain Alawi. Et on s’en prend plein les mirettes dès le début !

Sujet récurrent de moqueries, le moteur graphique des Call of Duty n’a jamais performé par sa finesse, ni son sens du détail. Il faut dire que depuis sa mise en place, en 2005, ce dernier n’a fait qu’enchaîner les mises à jour et les adaptations, d’une génération de consoles à une autre. Treyarch a tout de même majoritairement utilisé son propre moteur fait maison pour sa série Black Ops, mais BO6 bénéficie de la toute dernière itération du IW Engine, la neuvième, et cela se ressent. Bien entendu, un jeu de la franchise Call of Duty n’a jamais eu pour objectif de briller ou d’être une vitrine technologique. La nervosité au niveau du gameplay, le nombre d’éléments affichés à l’écran, l’enchaînement d’explosions ont toujours fait la part belle à la fréquence d’images, conférant aux célèbres jeux de tir cet aspect très hollywoodien, caractéristique de la série. Avec Black Ops 6, tous les ingrédients sont présents. En plus beau.

On ne peut pas parler de bond technologique, mais les effets d’éclairage, l’utilisation du ray-tracing, la gestion des reflets sont bien plus agréables que d’accoutumée. L’ambiance est, quant à elle, toujours aussi prenante. Dès le début, on se surprend à ressortir son RC-XD et à foncer dans le tas, jusqu’à retrouver Adler tout en affrontant les nouveaux antagonistes : le Panthéon. La première mission est musclée, très musclée. On ne respire quasiment pas et bien que l’on pourrait reprocher une certaine linéarité, du fait d’un passage en aller-retour qui aurait pu être évité, la formule fonctionne toujours aussi bien. Treyarch ménage d’entrée de jeu le suspense et l’arrivée à la planque fait du bien : cet espace de repos, véritable cocon de préparation pour l’équipe, offre un calme bienvenu. On se surprend à vouloir en explorer chaque recoin et à en découvrir tous les secrets (bien gardés). Tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un Black Ops !


On met les blessés en PLS, soldat !

L’heure de compter les blessés

GarrusPr0x1 : Petite parenthèse, qui tout de suite frappe comme un violent coup à l’estomac. Ce Black Ops 6 est clairement taillé comme une superproduction américaine à la gloire des valeureux soldats qui défendent le monde moderne contre ses ennemis, tous ses ennemis, ceux de l’extérieur ET ceux de l’intérieur. À peine sortis de l’interrogatoire, Woods, en bon vétéran en fauteuil, mais qui n’a toujours pas raccroché, rejoint Marshall et Harrow dans le bureau de cette dernière. On sent cette volonté de braver les ordres et la hiérarchie pour mettre en lumière les agissements de ces gens…très très méchants qui veulent renverser l’ordre mondial. Pour un peu, on flirterait avec le conspirationnisme le plus primaire.

Et bien entendu, direction l’Europe de l’Est pour la mission suivante, où les cryptiques révélations d’Adler mènent vers une ancienne base du KGB qui devrait servir de hub pour la suite des opérations ainsi qu’une mystérieuse jeune femme à contacter. Il est possible de déambuler dans toute la baraque avant de lancer la suite, l’occasion de découvrir plusieurs énigmes. Une chaudière à remettre en marche, des inscriptions qui apparaissent uniquement à la lumière noire, une partition de piano à jouer dans le bon ordre, un enregistrement d’Adler à écouter, des notes, un coffre à déverrouiller… Pour un peu on se croirait dans un jeu d’aventure, limite un point & click à l’ancienne. Le mobilier et la déco sont d’époque, ce qui donnerait un p’tit air inquiétant à cet intermède. Alone in the Dark, es-tu là ?

À côté du désert, la Tour c’est l’EHPAD…

Davcotron : Après avoir terminé l’aventure en solo, on peut certainement dire que la campagne de ce Black Ops 6 vaut le détour. Novatrice dans son approche, bien plus portée sur l’espionnage et l’infiltration, l’histoire reprend les mécaniques introduites par Cold War. Treyarch réussit même l’exploit de mêler tous ses modes de jeux, oui tous, au sein de la trame scénaristique. Et c’est prenant ! Alors que les Modern Warfare font du sur-place depuis plusieurs épisodes, on retrouve là un Call of Duty à la fois nerveux, mais bien construit. Les Black Ops aiment surprendre jusqu’à atteindre les crédits. C’est encore réussi pour ce BO6 ! Bon certes, on pourrait reprocher un manque de renouveau dans le fond de son message, mais un Call of reste un Call of et certains ingrédients doivent être d’office intégrés pour prétendre à respecter ce qui a fait le sel des précédents opus.

Les scènes dans la sombre planque offrent toutefois une coupure apaisante dans un rythme parfois soutenu. La force de la série Black Ops vient inévitablement de ce fil rouge scénaristique qui se tire depuis World at War, sorti en 2008 sur Xbox 360, PlayStation 2/3, Nintendo Wii/DS et PC. L’alternance des studios dans la chronologie de développement des différents Call of Duty permet de retrouver avec plaisir les différents univers, sans jamais lasser. Il y a bien eu quelques fausses routes dans l’histoire de la franchise, dont le célèbre BOIII et son aspect tout-multi assumé, mais l’univers Black Ops a depuis repris du poil de la bête.


Visiblement, l’association de nos deux testeurs d’un jour n’a pas fonctionné…

Nous l’avons bien vu ici, la licence Call of, malgré son succès interplanétaire qu’il est impossible à démentir, présente une structure particulière qui malheureusement, n’est pas en mesure de convaincre tout le monde. Depuis plus de vingt ans, le titre d’Activision représente pour une partie des fidèles un “passage obligé”, comme la nouvelle saison d’une série à succès. Pour d’autres, ce n’est qu’un simple copier-coller de suites “faciles”, tellement mainstream et surtout avec une large communauté dont les frasques en multijoueur défraient trop souvent la chronique. 

Au-delà de ces aspects parfois redondants, liés à la chronologie annuelle de sortie de la franchise, Call of Duty c’est probablement le dernier grand AAA hollywoodien capable de tenir un tel rythme. La mécanique de développement à trois studios est bien rodée, la recette est respectée à la lettre et le solo fournit toujours d’intenses sensations, justifiant parfois à lui seul l’emploi des spécificités techniques des dernières consoles en date, malgré un moteur graphique souvent daté. Que l’on déteste ou que l’on aime, Call of Duty reste un jeu incontournable, installé depuis plus de 20 ans dans nos salons et PC. Reste à voir ce que Microsoft en fera désormais…


Fallait pas confier un Kalof à n’importe qui !

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