Tout comme nombre d’entre vous, les membres de la rédaction ont reçu cette semaine un mail rappelant à notre bon souvenir la fermeture imminente du store Xbox 360. Cette missive relance également le débat des achats dématérialisés et de la disparition progressive des jeux physiques. Vaste sujet que nous aborderons prochainement, dans une autre publication, afin de nous concentrer ici uniquement sur l’analyse des choix stratégiques de PlayStation, Nintendo et Xbox quant à la gestion de leurs boutiques et les effets qu’ils produisent.
Le cas PlayStation
Sony a ouvert le bal des fermetures annoncées en indiquant, dès le début de l’année 2021, que l’amélioration de l’expérience client passerait désormais par le recentrage des ressources vers les PlayStation 4 et les PlayStation 5. On apprenait alors que les boutiques en ligne des PlayStation 3, PlayStation Vita et PlayStation Portable (PSP) baisseraient leurs rideaux . Les mauvaises nouvelles n’arrivant jamais seules, ce choix stratégique impactait également les fonctionnalités in-game, puisque les serveurs de jeu en ligne connaîtraient le même sort..
Dans les faits, non seulement les achats ne seraient plus possibles, mais les titres orientés multijoueur en ligne perdraient alors totalement de leur intérêt, quand bien même le joueur disposerait d’une version physique de son jeu préféré. Goût amer de l’absence de rétrocompatibilité ? Place difficile du premier au front ? Prise de conscience des consommateurs sur une question qui ne se posait pas jusque-là tandis que la propriété n’est finalement qu’un droit de licence ? Toujours est-il que face à la levée de boucliers, Sony a rapidement fait machine arrière en revenant sur sa décision initiale, ne sacrifiant in fine que les achats en ligne pour la PlayStation Portable. Restons cependant lucides sur la manœuvre qui n’est de toute évidence qu’un grossier “on joue la montre”, en attendant que tout cela se tasse.
Le cas Nintendo
Malgré la douche froide de Sony, Nintendo n’a pas hésité à prendre un choix stratégique somme toute similaire. Le 27 mars 2023, les boutiques 3DS et Wii U du Nintendo eShop ont mis la clé sous la porte. Résultat d’une mort programmée et de plusieurs échéances ayant progressivement limité les fonctionnalités: perte de la possibilité d’approvisionner son compte, retrait de certains jeux de la boutique et finalement l’annonce d’un rendez-vous pressenti. Armé de son totem, Big N n’aura même pas eu besoin de faire usage de son collier d’immunité, faute de réactions marquantes après cette annonce.
Pas plus de protestation significative en avril dernier concernant la fin du jeu en ligne et des fonctionnalités nécessitant une connexion online pour les consoles des familles 3DS et Wii U. La préservation partielle de Pokémon, la poule aux œufs d’or, et le maintien de quelques-uns des services en ligne de la licence ne permettent pas d’expliquer à eux seuls le manque d’opposition. D’autant que Nintendo a bien précisé que cette exception n’était que provisoire. Il semble plus probable que le succès moindre de la 3DS, comparée à sa grande sœur la DS ou le flop de la Wii U, en raison d’une communication ratée, puissent être un début de démonstration rationnelle. À moins que la capacité d’adaptation de la scène Homebrew et les solutions alternatives pour maintenir le jeu en ligne soient aussi à prendre en compte. Une chose est certaine, Nintendo peut s’appuyer sur sa Switch pour faire passer rapidement la pilule aux quelques contrariés minoritaires, qui se lassent de devoir racheter des titres remasterisés, pour ne pas perdre le droit de jouir de leur plaisir vidéoludique.
Le cas Xbox
Comme dit l’adage “jamais deux sans trois”, c’est donc au tour de Xbox, en août 2023, d’annoncer la fermeture de l’une de ses boutiques. À compter du 29 juillet 2024, il ne sera donc plus possible d’effectuer des achats sur le store Xbox 360. Contrairement à ce qu’avait prévu Sony et ce qu’a acté Nintendo, les fonctionnalités en ligne sont maintenues et, de fait, l’expérience utilisateur restera identique. Petit bémol quand même, puisque la marque verte ne peut pas garantir que les éditeurs tiers assureront également ce service.
Le joueur averti ou le lecteur consciencieux aura sans doute relevé que la portée de cette fermeture n’est pas aussi grande qu’il n’y paraît. En effet, même si l’acquisition de contenu ne sera plus autorisée depuis une Xbox 360, il sera toujours possible d’effectuer des emplettes depuis le store des consoles cadettes. Fruit de la politique de rétrocompatibilité, une pléthore de titre des générations précédentes est actuellement disponible à l’achat depuis votre Xbox One ou votre Xbox Series X|S et le resteront après cette date. Certains diront que Xbox profite de la résignation des utilisateurs en passant après ses concurrents, d’autres, plus objectifs, trouveront sûrement que le curseur respect du consommateur/rentabilité est probablement mieux réglé.
Diagnostic
Les joueurs semblent sortir de leur torpeur et prendre doucement conscience d’une réalité qui finalement n’est que le résultat d’une évolution darwinienne logique. Finie la nostalgie en retrouvant sa cartouche de jeu préférée au fond d’un carton au grenier ! L’ère du tout numérique ne permettra pas à nos descendants d’accéder au patrimoine vidéoludique que nous avons à cœur de défendre. La galette qui trône fièrement sur nos étagères n’est qu’un placebo qui n’aura qu’un simple intérêt décoratif lorsque le store contenant les gigas manquants au lancement dudit jeu aura fermé ses portes. Quid également de l’accélération de l’obsolescence programmée comme nous avons pu le constater avec la fermeture des serveurs de The Crew ou celle déjà agendée de Top Spin 2K25 ? Mais ça, c’est un autre cas clinique que nous examinerons lors d’une prochaine consultation.
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