Des nouvelles aussi surprenantes qu’inattendues, on aimerait en avoir à traiter chaque jour ! Et celle nous concernant ici est incroyable, puisqu’elle permettra probablement à un constructeur légendaire de micro-ordinateurs de renaître de ses cendres. Oui, Commodore pourrait faire un retour inattendu après des années d’errance pour la marque. À l’époque où le jeu vidéo s’appréciait sur des machines semblables à des ordinateurs, avec un clavier « clé en main » que l’on branchait sur les écrans, Commodore faisait office de moteur de l’industrie. Avec, entre autres, son modèle 64 en avance sur son temps, l’entreprise américaine s’est fait un nom qui a progressivement cessé de résonner depuis la liquidation prononcée en 1994. Un peu plus de 30 ans après la fin officielle, on risque d’entendre parler de ces machines à nouveau !

Commodore… Commodore… Comme un lointain souvenir d’une époque passée. L’un de ces noms mythiques de l’histoire du jeu vidéo au destin tragique, emporté par une concurrence de plus en plus rude et des errements administratifs. Commodore, donc, est une entreprise fondée par Jack Tramiel (de son vrai nom Idek Tramielski) en 1958. Déporté et victime de l’Holocauste durant la Seconde Guerre mondiale, cet homme au destin bouleversé émigre aux États-Unis d’Amérique après avoir été libéré du camp d’Auschwitz et quitte sa Pologne natale. Sur cette terre de nouvelles opportunités, il intègre l’US Army et se familiarise avec les machines à écrire des troupes. Là, naît une passion qui le pousse à aller encore plus loin, en fondant quelques années plus tard son entreprise de réparation : Commodore Portable Typewriter. Le début de la légende.
Il attendra une dizaine d’années pour se lancer dans l’informatique et rajouter de l’électronique à ses machines, croyant dur comme fer que le micro-ordinateur sera l’objet du futur. Il a senti le vent tourner en sa faveur puisque le VIC-20 a pu voir le jour en 1980 et fut le premier grand succès de l’entreprise avec un million d’unités vendues. Il fait suite au plus modeste PET 2001, dont les performances le destinait à un usage personnel uniquement. Le VIC-20 était, a contrario, une machine de guerre de 8 bits, conçue pour le codage et le jeu vidéo. Jack Tramiel misa fort sur ce produit, au point de se payer l’acteur William Shatner (le capitaine Kirk dans Star Trek) pour en faire la promotion. Mais surtout, cette machine a défini ce qui reste le plus gros succès à date de la société : le Commodore 64.
Sorti en 1982, le Commodore 64 était un puissant ordinateur de jeu avec ses 64 KB à faire rêver tout programmeur de l’époque. Outre son catalogue impressionnant qui aura vu naître des licences comme The Bard’s Tale ou Boulder Dash, l’engin avait aussi la particularité d’être financièrement accessible, facilement programmable et doté d’une série d’accessoires plutôt cool. Un produit populaire qui lui permet de détenir encore à ce jour le record de l’ordinateur de jeux le plus vendu de l’histoire ! Un exploit et une prouesse lorsque l’on sait que la seconde génération de consoles était concurrentielle et qu’elle a connu la transition avec l’arrivée de véritables consoles comme l’Intellivision (1980), la Magnavox Odyssey² (1978) ou la reine des reines, l’Atari 2600 (1977). Grâce au modèle 64, Commodore a inscrit son nom au panthéon de l’industrie vidéoludique. Avant la chute…

En 1982 pourtant, les États-Unis d’Amérique étaient saturés de machines aux caractéristiques quasi semblables et s’ensuivit une véritable crise du jeu vidéo sur le marché nord-américain. Beaucoup de sociétés ont malheureusement fait faillite, alors que le grand public ne s’y retrouvait plus entre tous ces modèles. Ce fut le cas d’Amiga, une société sauvée in-extremis par Commodore, elle-même fragilisée par la crise et décidée à venir concurrencer IBM et Apple sur le marché naissant de l’ordinateur à usage professionnel. L’intégration d’Amiga donna lieu à de belles collaborations et à la naissance de machines puissantes comme la 1000 (1985), la CDTV (1991) ou la CD32 (1993), mais cela fut insuffisant. Les consoles prenaient de l’ampleur, poussées par le duel fratricide entre Nintendo et Sega, tandis que les PC devenaient des machines dédiées à un usage strictement professionnel. Il n’y avait plus de place pour l’ordinateur personnel de jeux.
En 1994, la liquidation judiciaire de Commodore est prononcée, la marque disparait. Enfin, pas tout à fait. En réalité, 47 brevets de marques déposées étaient toujours actifs au moment d’écrire ces lignes, dispersés dans le monde et absolument perdus dans un espace-temps devenu défavorable à la marque au « logo de poule ». Comme souvent, il fallait une intervention extérieure et c’est du côté de la scène homebrew qu’il faut regarder. Christian Simpson, aka Perifratic sur les réseaux sociaux et détenteur de la chaîne YouTube Retro Recipes, avait tenté une première approche il y’a quelques années auprès des derniers détenteurs connus de la marque, Commodore Corporation B.V. Dans le but de pouvoir obtenir une licence d’exploitation pour un projet personnel, Perifratic s’est vu proposer… L’intégralité des droits détenus par la société ! Un scénario absolument insensé qui pourrait faire renaître la marque… De la main de fans !
Dans une vidéo explicative, disponible en pied d’article, Christian Simpson explique être désormais l’unique détenteur de la marque Commodore et de ses brevets d’exploitation. Bien entendu, une bonne partie des autres marques, à l’instar d’Amiga, sont toujours sous possession d’autres entreprises. Toutefois, il s’agit là d’un véritable exploit. Perifractic se voit déjà commercialiser de belles machines rétro, des pièces détachées officielles pour réparer les machines d’antan ou ouvrir un programme dédié aux enfants malades en mettant à disposition des hôpitaux des salles d’arcade siglées « Commodore ». Au contraire d’Intellivision ou d’Atari, dont les droits avaient été récupérés par d’anciens professionnels du secteur pour se relancer, Commodore n’appartient plus à un grand groupe informatique. Une situation tout à fait ubuesque, à cheval entre la scène homebrew, la passion et le rêve de gosse de voir une marque des années 1980 renaître. Si la C64 Mini avait été handicapée par le manque de licence officielle d’exploitation, le premier effet positif est de revoir la marque sur la boutique en ligne de Chelsea FC, qui a désormais droit d’utiliser le logo pour ses maillots rétro. Vivement la suite, clavier en main !
Si la vidéo a suscité votre attention et que vous souhaitez participer à l’aventure, n’hésitez pas à remplir le formulaire mis en place par Christian Simpson et ses équipes pour l’avancée de ce projet. Il s’agit d’un projet par les fans pour les fans et toute aide sera probablement la bienvenue. L’heureux possesseur de la marque appelle même les communautés liées par la marque à se manifester pour donner un axe cohérent et faire revivre la marque de manière saine.
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