On n’attendait pas immédiatement de nouvel épisode de la série Like a Dragon après le Infinite Wealth extrêmement généreux sorti plus tôt cette année, et pourtant, SEGA et Ryu Ga Gotoku Studio nous ont tous pris par surprise lors du RGG Summit du 20 septembre dernier en présentant la prochaine itération de la franchise, Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii.

Sous ses allures de titre à rallonge que ne renierait pas un autre éditeur japonais, RGG nous propose de nous intéresser au personnage de Goro Majima, figure bien connue et fort appréciée des spécialistes de la licence. Pourtant, bien loin de proposer une plongée dans les méandres de l’Histoire comme avait pu le faire Ishin !, cette fois-ci c’est sous prétexte d’une perte de mémoire que le “n’a qu’un œil” le plus célèbre de la licence s’autorise un télescopage temporel presque contre-nature. 

En invoquant le monde et les codes de la piraterie traditionnelle du XVIIIᵉ siècle dans le décor de l’épisode précédent, c’est-à-dire le Hawaii touristique des années 2020, ce nouvel opus prévu pour le 28 février 2025  sur l’ensemble des machines de dernière génération casse bon nombre de codes, mais en intégrant toujours les valeurs qui ont fait son succès. On retrouvera donc de nombreux représentants de la pègre, antipathiques, classieux et/ou vraiment très méchants, dont les personnalités s’annoncent bien déjantées, ou des innocents que Goro devra protéger avec son style de combat inimitable, armé ou à mains nues. Histoire de rester dans des thématiques modernes, la région sera également menacée par une pollution chimique de grande ampleur. RGG offre ici au Chien fou de Shimoda un terrain de jeu complètement schizophrène, à la mesure de ce caméléon aux mille et un visages.

Un petit air de Jack Sparrow… mais bien plus dangereux !

Mais qui est donc Goro Majima et pourquoi s’intègre-t-il aussi bien dans cette aventure à venir ? En reprenant la chronologie du personnage, qui constitue presque un fil rouge dans la série des Yakuza, tout devient plus clair (et par avance toutes nos excuses aux spécialistes de la licence pour l’effort de simplification). Homme de main d’un clan majeur dans sa jeunesse, ce qui nous ramène au milieu des années 80, il perd son œil pour insubordination (on ne plaisante pas avec les règles du milieu), mais ni les menaces ni la torture ne réussissent à briser sa volonté. 

Parachuté plus tard comme directeur du cabaret de luxe “Grand” pour rembourser une dette astronomique, il se libère de cette cage dorée en acceptant un contrat d’assassinat qui s’avère être un piège. Ses scrupules et son sens de l’honneur le poussent à retourner la situation, causant pas mal de remous (et de gueules cassées). Alors que les enjeux grimpent et les cadavres s’accumulent, il fait la connaissance de Kiryu, le héros de la série. Les deux hommes se recroisent alors régulièrement lors de leur évolution, et notre borgne préféré adopte son style vestimentaire emblématique, pantalon de cuir noir et veste en peau de serpent. Redoutable en combat rapproché, qu’il mène souvent au mépris de sa propre survie, charismatique et vrai meneur d’hommes, il grimpe les échelons au fil des épisodes. En parallèle, il développe avec Kiryu une rivalité “fraternelle”, mêlée de respect mutuel et de challenge personnel.


Mais Goro sait aussi s’amuser. Son interprétation en karaoké de 24-Hour Cindrella représente un moment mythique de WTF intégral dans l’histoire du jeu vidéo de par son décalage visuel et stylistique extrême. Voilà qui dévoile l’une des facettes surprenantes de ce personnage habituellement lugubre, inquiétant et aux accès de démence arrivant aux moments les plus… inopportuns. Toujours bon pied (et surtout bon œil) pour son soixantième printemps, il constitue donc le choix finalement très “logique” pour cette aventure aux limites de la raison.


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